Le Conseil constitutionnel du Sénégal a validée la candidature du président sortant, Abdoulaye Wade, pour qu’il se présente pour un troisième mandat présidentiel.
La constitution sénégalaise ne prévoit normalement que deux mandats présidentiels consécutifs, mais le président Wade, au pouvoir depuis 12 ans, a fait modifier la constitution par les sages afin de renouveler son mandat de président. Il affirme d’ailleurs, non sans mépris envers son peuple, qu’il « est normal que ma candidature soit validée, vu que la constitution, c’est moi seul qui l’ait écrite » ajoutant avec ironie qu’il pourrait même se présenter aux élections de 2019…
Appel à la communauté internationale
Le chanteur Youssou Ndour, candidat à la présidentielle sénégalaise, a d’autre part vu sa candidature refusée pas le Conseil du fait de signatures qui ne seraient pas valides. Il a appelé aujourd’hui la communauté internationale à contester les listes des candidats pour la prochaine présidentielle. Interrogé ce matin par RFi, il déclarait que « le Sénégal a honte. Le Sénégal est meurtri. Le processus de coup d’Etat constitutionnel est consommé. 52 ans de construction démocratique viennent d’être balayés » et de poursuivre que « le Sénégal et son peuple ont mal. Nous avons été trahis par cette décision honteuse. J’ai dit bien honteuse ». C’est pourquoi il lance un appel à « toutes les forces vives de ce pays, nos frères africains, la communauté internationale à exprimer son désaccord face à ce coup d’Etat institutionnel et constitutionnel ».
Une situation explosive
Depuis le week-end dernier, les affrontements entre les partisans de l’opposition et les forces de l’ordre ne font que s’accentuer et cela ne semble guère déranger le président Wade qui ne voit dans ces « manifestations d’humeur » que le fait de quelques individus. « Ce ne sont pas 300 manifestants voire mille, deux mille qui nous effraient : le peuple sénégalais est satisfait de cette décision » argue-t-il. Mais l’opposition, réunie au sein de la coalition M23, demande au peuple de se rebeller contre ce pouvoir qu’il juge corrompu, et a appelé les citoyens sénégalais à venir manifester ce samedi dans les rues des grandes villes.