Les programmes d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qui s’affronteront le 7 mai au second tour de la présidentielle française, sont aux antipodes sur la plupart des sujets, avec une opposition au paroxysme sur l’Europe.
– Europe –
La présidente du Front national (FN) Marine Le Pen veut négocier à Bruxelles la sortie de l’euro et de l’espace Schengen.
A l’issue des négociations, se tiendrait un référendum sur l’appartenance à l’Union européenne.
Elle réclame aussi la suppression de la directive sur les travailleurs détachés et refuse le traité de libre-échange CETA entre l’UE et le Canada.
Emmanuel Macron propose, lui, le lancement dans toute l’Union européenne, après les élections allemandes de l’automne 2017, de conventions démocratiques, qui aboutiront à un projet adopté par tous les pays le souhaitant.
Il prône pour la zone euro un budget propre, un Parlement et un ministre des Finances. Il souhaite limiter à un an la durée autorisée de séjour d’un travailleur détaché. Il défend le traité CETA.
– Immigration –
Marine Le Pen entend réduire l’immigration à un solde annuel de 10.000 personnes. Elle a même prôné en fin de campagne un « moratoire » sur l’immigration légale. Elle restreindrait les conditions de l’asile, durcirait le regroupement familial et rendrait impossible la régularisation des étrangers en situation illégale. Elle prévoit l’expulsion automatique des criminels et délinquants étrangers.
Elle supprimerait le droit du sol pour l’acquisition de la nationalité française, supprimerait l’aide médicale d’Etat et imposerait un délai de 2 ans de présence régulière pour qu’un étranger puisse voir ses soins remboursés.
Elle bannirait voile et burkini de l’espace public, contrairement à Emmanuel Macron.
Ce dernier promet l’examen des demandes d’asile en moins de 6 mois, recours compris.
– Social –
Marine Le Pen veut rétablir la retraite à 60 ans et abolir la loi travail, contrairement à son adversaire.
Les deux candidats gardent une durée légale du travail à 35 heures.
Emmanuel Macron prévoit l’unification des régimes de retraite et le passage de l’assurance-chômage (actuellement géré par les partenaires sociaux) sous le giron de l’Etat. Un chômeur refusant deux offres d’emplois « décentes » verrait ses allocations suspendues.
Le centriste supprimerait 120.000 postes de fonctionnaires, en épargnant l’hôpital, en créant 10.000 postes de policiers et 4 à 5.000 d’enseignants.
Marine Le Pen veut plus de personnel au service de l’Etat et des hôpitaux, et moins des collectivités locales. Avec 21.000 embauches dans la police et la douane.
– Fiscalité –
Marine Le Pen taxerait à 35% les produits des entreprises délocalisant leurs usines, et pénaliserait l’embauche de salariés étrangers. Elle baisserait de 10% l’impôt sur le revenu sur les trois tranches les plus basses.
Elle annulerait l’instauration du prélèvement à la source, prévu en 2018 tandis que M. Macron expérimenterait la mesure pendant un an.
Ce dernier veut exonérer dans les trois ans 80% des foyers de la taxe d’habitation et transformerait l’impôt sur la fortune en un « impôt sur la fortune immobilière » dont serait donc exempté le patrimoine financier. Mme Le Pen ne toucherait pas à cet impôt.
– Energie et agriculture –
Emmanuel Macron réduirait d’ici 2025 la part du nucléaire à 50% de la production d’énergie alors que Marine Le Pen défend le nucléaire et veut suspendre l’éolien.
Elle baisserait la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur l’élevage français tandis que M. Macron s’engage à n’ajouter, pour les agriculteurs, aucune norme française aux normes européennes.
– Education et famille –
Marine Le Pen supprimerait le collège unique et la réforme des rythmes scolaires et imposerait le port de l’uniforme à l’école.
Emmanuel Macron donnerait l’autonomie aux établissements pour recruter, favoriserait les zones d’éducation prioritaire par des primes aux enseignants et des classes plus réduites et interdirait les téléphones portables à l’école.
Mme Le Pen remplacerait le mariage homosexuel par une union civile et réserverait la PMA (Procréation médicalement assistée) aux couples stériles alors que M. Macron l’ouvrirait à toutes les femmes.
– Institutions –
Emmanuel Macron exigerait des élus un casier judiciaire vierge et limiterait à trois le nombre de mandats successifs.
Mme Le Pen convoquerait un référendum pour inscrire la « préférence nationale » dans la Constitution. Elle instaurerait la représentation proportionnelle avec une prime majoritaire, une réforme à laquelle M. Macron n’est pas opposée.
Avec AFP