La bataille pour le second tour de la présidentielle démarre lundi entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, en position de favori, après le « big bang » de dimanche qui a vu l’élimination du PS et des Républicains.
Arrivé en tête du premier tour, l’ancien ministre de l’Économie devance, avec 23,75% des voix, la candidate FN (21,53%), selon les résultats globaux (hors Français de l’étranger) du ministère de l’Intérieur.
« Big bang », « saut dans le vide » (Les Echos) ou encore « séisme » (La Croix): la presse de lundi se fait l’écho de la déflagration causée par des résultats qui laissent « la droite K.-0. » (Le Figaro) et la gauche à terre.
« En une année, nous avons changé le visage de la vie politique française », a lancé Emmanuel Macron devant ses partisans réunis dimanche soir à Paris.
Devant ses soutiens, Mme Le Pen s’est réjouie d’un résultat « historique », au-delà des 7,6 millions de voix.
« La première étape est franchie », a affirmé celle qui dès lundi battra la campagne, sans doute sur un marché en Picardie.
Le candidat des Républicains François Fillon (19,91%) termine troisième, juste devant le candidat de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon (19,64%). Très loin derrière vient le candidat socialiste Benoît Hamon, à 6,35%.
– Cartes rebattues –
À l’inverse de M. Fillon, M. Mélenchon a refusé de reconnaître sa défaite, n’a pas donné de consigne de vote et laissera décider les militants de son mouvement.
Ce scénario Macron-Le Pen rebat les cartes de la politique française: c’est la première fois sous la Ve République que la droite est absente du second tour, et la première fois qu’aucun des deux grands partis qui ont dominé la vie électorale depuis près d’un demi-siècle, Les Républicains (LR) et le Parti socialiste, n’y est présent.
Jamais élu, M. Macron est en bonne position pour emporter le scrutin suprême le 7 mai et devenir, à 39 ans, le plus jeune président de la République de l’histoire, devant Louis-Napoléon Bonaparte.
Ce premier succès récompense le pari très audacieux du secrétaire général adjoint, puis ministre de François Hollande qui, prétendant transcender le clivage droite-gauche, a lancé son mouvement politique, En Marche!, en avril 2016.
Selon deux sondages publiés dimanche soir, M. Macron, qui entame une campagne d’entre-deux-tours centrée sur le rassemblement, s’imposerait avec 62 ou 64% des voix le 7 mai.
Il n’a pas indiqué s’il souhaitait un débat télévisé face à Mme Le Pen, ce qu’avait refusé Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen en 2002. Mais il devrait dire « oui, à 95% », selon un proche.
Contrairement à il y a 15 ans, la qualification de la candidate du Front national n’est pas une surprise: elle était prédite par tous les sondages depuis 2013.
– Nombreux ralliements à Macron –
Après les résultats, plusieurs centaines de jeunes « antifascistes » se sont rassemblés dimanche sur la place de la Bastille à Paris, dans un face-à-face tendu avec la police, qui a fait deux blessés.
M. Macron a enregistré de nombreux ralliements, dont celui, immédiat, de M. Hamon, ainsi que ceux du Premier ministre Bernard Cazeneuve et de son prédécesseur à Matignon Manuel Valls – déjà rallié avant le scrutin. M. Hollande, qui a félicité son ancien ministre, exprimera « très clairement » et « rapidement » son choix, a annoncé l’Élysée.
À droite, M. Fillon a jugé n’avoir « pas d’autre choix que de voter contre l’extrême droite ». « Je voterai donc pour Emmanuel Macron. » Au sein du parti LR, François Baroin « à titre personnel » ou Alain Juppé ont fait de même. Plus nuancé, le vice-président des Républicains Laurent Wauquiez, qui incarne l’aile droite du parti, s’est contenté d’appeler à « ne pas voter pour Marine Le Pen ».
Alors que les sondeurs anticipaient une abstention record, le scrutin a mobilisé les Français: le taux de participation devrait avoisiner 78,69%, selon les résultats quasi définitifs (79,5% en 2012).
Avec AFP