Présidentielle: l’Outre-mer et les Amériques ont voté dès samedi

Crédit AFP – By ©Gregory Boissy

Le coup d’envoi du premier tour de la présidentielle a été donné samedi par les électeurs du continent américain et certains d’outre-mer, la métropole devant attendre dimanche pour départager les 11 candidats d’un scrutin placé sous haute sécurité après l’attentat des Champs-Elysées.

Au total, plus de 50.000 policiers et gendarmes, appuyés par 7.000 militaires de l’opération Sentinelle, sont mobilisés à travers la France. C’est la première fois qu’une présidentielle se déroule sous état d’urgence, en vigueur depuis les attentats du 13 novembre 2015.

Le scrutin s’est déroulé samedi à Saint-Pierre-et-Miquelon, en Guyane -où le mouvement social en cours depuis plus d’un mois s’est achevé vendredi soir avec la signature d’un accord-, aux Antilles, pour les Français des Amériques et en Polynésie, avant la Nouvelle-Calédonie.

Au Gosier (Guadeloupe), Mélissa, 32 ans, a expliqué qu’elle venait « accomplir un devoir citoyen, mais sans conviction. J’ai voté pour le moins pire. J’étais indécise jusqu’à hier ».

Bernard, 62 ans, était plus enthousiaste: « J’avais dit que je ne voterais plus, ça ne m’intéressait plus mais, finalement, cette fois-ci, il y a quelqu’un de nouveau avec un programme novateur et je suis revenu voter ».

Dimanche, en métropole, les 66.546 bureaux de vote ouvriront à 08H00 et fermeront à 19H00, une heure plus tard que d’habitude. Ils resteront ouverts jusqu’à 20H00 dans certaines grandes villes pour ce scrutin placé sous haute sécurité, encore renforcée après l’attentat qui a coûté la vie à un policier jeudi soir sur les Champs-Elysées.

Le tueur est Karim Cheurfi, 39 ans, un Français déjà condamné à 15 ans de réclusion en 2005 pour tentatives de meurtre sur des policiers, mais qui n’était pas fiché S.

Deux autres policiers ont été blessés dans cette fusillade, qui porte à 239 le nombre de victimes des attentats en France depuis l’attaque contre Charlie Hebdo en janvier 2015.

« Il y a beaucoup de monde qui vient voter, je crois que les attentats mobilisent », juge Noémie Nabel, 75 ans, expatriée en Argentine, à la sortie de l’ambassade de France à Buenos Aires, qui abrite un bureau de vote.

Cette 10e élection présidentielle au suffrage universel de la Ve République présente de multiples caractères inédits, à commencer par l’absence du président sortant François Hollande, une première depuis la mort en fonction de Pompidou en 1974.

– Match à quatre –

Selon les sondages, deux candidats font la course en tête, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, flanqués de deux poursuivants au coude à coude, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon.

Le FN a déjà atteint le second tour en 2002, avec Jean-Marie Le Pen.

La fin de campagne a également viré au duel Macron-Fillon. L’ancien ministre de François Hollande a tenté un audacieux pari avec la création d’En Marche! et sa philosophie « et de droite, et de gauche », rallié par certains hiérarques socialistes – à commencer par Manuel Valls et le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian -, par d’anciens ministres chiraquiens et le centriste historique François Bayrou.

Vainqueur triomphal de la primaire de droite, François Fillon a été grandement fragilisé par les affaires judiciaires, après la révélation fin janvier par Le Canard enchaîné de l’emploi de son épouse comme collaboratrice parlementaire, pour lequel la justice l’a mis en examen.

Quatrième homme en 2012, Jean-Luc Mélenchon a vu sa cote nettement progresser, principalement au détriment de Benoît Hamon, frondeur du quinquennat Hollande, désigné à la primaire face à Manuel Valls.

Benoît Hamon (PS) est largement distancé dans toutes les enquêtes et le PS craint le pire score de son histoire, après l’élimination de Lionel Jospin au premier tour en 2002 (16,18%).

Onze candidats sont en lice, avec le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, les trotskistes Philippe Poutou et Nathalie Arthaud, le député béarnais Jean Lassalle, le vétéran Jacques Cheminade et le candidat du « Frexit » François Asselineau.

La loi interdit la publication de résultats, hormis ceux concernant la participation, avant la clôture du vote dimanche à 20H00. La fermeture désormais plus tardive des bureaux de vote complique la tâche des instituts de sondage, qui auront une heure de moins pour préparer leurs estimations à partir des dépouillements partiels.

Si les scores des candidats en tête sont serrés, l’image très attendue des deux finalistes qualifiés pour le second tour, apparaissant à la télévision à 20H00 pile, n’est pas garantie.

Le second tour opposera le 7 mai les deux candidats arrivés en tête. Aucun candidat n’a été élu au premier tour depuis l’instauration, en 1962, du suffrage universel direct.

Avec AFP

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