Pour la première fois de son histoire longue de 90 ans, la Licra soutient un candidat à l’élection présidentielle en appelant à voter pour Emmanuel Macron, a annoncé mardi à l’AFP son président, Alain Jakubowicz, face au « danger bien réel » du Front national.
« Nous appelons à voter pour M. Macron et nous sommes à la disposition des équipes de M. Macron pour lui apporter notre savoir-faire, nos connaissances », a affirmé M. Jakubowicz à l’issue d’une réunion spéciale du comité exécutif de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme).
« C’est extrêmement nouveau » pour la Licra, fondée en 1927 et qui « n’a jamais pris position pour un candidat dans son histoire, parce qu’elle n’est ni de droite, ni de gauche », même si l’association de lutte contre le racisme a pu par le passé se prononcer « contre des candidats » ou « contre des extrémistes », a-t-il rappelé.
Mais « quand on est un démocrate ou un républicain il n’y a pas photo, pas d’hésitation », a assuré M. Jakubowicz, parlant de « décision politique au sens citoyen du terme ».
L’association a donc « fait le choix de ne pas être dans le +ni-ni+ ou dans l’hypocrisie qui consiste à appeler à voter contre Mme Le Pen, mais très clairement et nommément » de soutenir le candidat d’En Marche!, a-t-il ajouté, tout en se disant « extrêmement déçu » par l’entrée de M. Macron dans le second tour car « nous attendions autre chose, un discours rassembleur, qui tende la main aux Français ».
« Le danger est bien réel », a-t-il ajouté, rappelant qu’en 2002, la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de la présidentielle avait provoqué une « stupéfaction nationale » mais que depuis « on a frisé la catastrophe » à chaque élection.
« C’est le +front républicain+ qui au dernier moment a réussi à éviter le pire », or « aujourd’hui ce +front républicain+ est en passe d’être fissuré », a-t-il ajouté, soulignant qu' »on n’est pas passés très loin d’une finale Le Pen-Mélenchon », qui est « un autre extrémiste ».
La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) a de son côté appelé à voter « contre l’extrême droite », assurant que « la battre relève d’une urgence démocratique ».
« Son accession à la plus haute responsabilité de la République serait une hypothèque sur nos vies et un empêchement pour l’avenir », a souligné la LDH dans un bref communiqué concluant: « nous ne l’acceptons pas et nous appelons nos concitoyens à voter en conséquence ».
Avec AFP