A peine Marine Le Pen éliminée, Jean-Luc Mélenchon a lancé dimanche un appel aux électeurs de La France insoumise à se « fédérer » pour les législatives afin de s’opposer à Emmanuel Macron, « nouveau monarque présidentiel ».
Le candidat malheureux de La France insoumise, arrivé quatrième au premier tour, a pris « acte sans barguigner » de la victoire du candidat d’En Marche!, après avoir refusé de donner d’autre consigne de vote que d’éliminer Mme Le Pen au second tour.
Mais sans laisser une minute de répit au nouvel élu, il l’a immédiatement tancé, dans une intervention à son quartier général: « puisse le sens du destin de notre patrie vous habiter, Monsieur le président, et la pensée des démunis sans droit, sans toit, sans emploi, vous obséder ».
« Le programme du nouveau monarque présidentiel est connu: c’est la guerre contre les acquis sociaux du pays et l’irresponsabilité écologique », a tranché celui qui avait traité M. Macron pendant toute la campagne de « premier communiant » ou de « candidat de l’extrême-marché ».
Ses lieutenants sur les plateaux télévisés se sont d’ailleurs employés dès 20 heures à dénier toute légitimité au nouveau chef de l’Etat, arrivé très largement en tête devant la candidate d’extrême droite. « Nous avons un président qui est faible », a estimé Raquel Garrido, une porte-parole de La France insoumise, soulignant qu’il y avait « beaucoup de votes par défaut ».
« L’abstention explose. Les bulletins blancs et nuls n’ont jamais été aussi nombreux. Ce pouvoir est fragile », a tweeté de son côté Charlotte Girard, co-responsable du programme de M. Mélenchon.
« J’affirme ici sans manquer de respect à Monsieur Macron qu’il est minoritaire dans le pays (…), et malheur à celui qui croit utiliser cette Ve République autoritaire pour imposer des choses que les Français ne veulent pas », a prévenu Alexis Corbière, porte-parole de M. Mélenchon.
– ‘Choix positif’ –
Avec eux, Jean-Luc Mélenchon s’est immédiatement projeté dans la bataille des législatives, espérant que les électeurs refuseront les 11 et 18 juin d’offrir une majorité parlementaire à M. Macron. Il s’agit, avait prévenu l’ancien candidat dès vendredi dans une note de blog, de « refuser de donner les pleins pouvoirs au gouvernement Macron ».
« J’appelle les 7 millions de personnes qui se sont regroupées autour du programme dont j’ai été le candidat à se mobiliser et à rester unies, qu’elles aient ou non voté pour M. Macron » au second tour, a lancé M. Mélenchon en référence aux 19,58% des suffrages qu’il a recueillis le 23 avril.
« Après un vote de refus et de peur, le moment est venu d’un choix positif », a-t-il ajouté. « Fédérez-vous les gens, sans vous éparpiller puisque vous avez vu comment, à 600.000 voix près, vous avez été éliminés de ce deuxième tour », a-t-il enjoint.
De fait, M. Mélenchon, arrivé en tête dans 67 circonscriptions, n’est pas sûr de pouvoir confirmer cet élan aux législatives.
Son choix de ne présenter que des candidats s’affichant sous la bannière de La France insoumise, avec une charte graphique nationale et un engagement clair sur son programme présidentiel « L’Avenir en commun », est mal compris des autres partis s’inscrivant dans une opposition de gauche.
Au premier rang desquels le parti communiste, qui l’a pourtant soutenu à la présidentielle. Dimanche, son secrétaire national Pierre Laurent a redemandé un « accord national » pour des candidatures communes partout. Une option refusée par La France insoumise la semaine dernière, qui préfère un accord de désistement dans 60 circonscriptions.
Du côté des écologistes également, l’intransigeance de La France insoumise est comparée à une volonté de « soumission » des autres partis politiques et jugée « irresponsable ».
« On ne va pas se diluer dans un système à géométrie variable à cinq semaines du premier tour des législatives », avait justifié vendredi Manuel Bompard, le directeur de campagne de M. Mélenchon.
Avec AFP