Marion Maréchal-Le Pen enfile en tournée de soutien à Marine Le Pen le costume de la bonne soldate, mettant de côté des divergences de ligne et remisant pour l’après-présidentielle ses doutes sur la suite de son parcours politique.
Même si elle trouve la ligne de Marine Le Pen trop étatiste, Marion Maréchal-Le Pen joue le jeu des meetings en renfort de la candidate FN -qui aura visité un tiers des départements français depuis son lancement tardif de campagne.
La candidate du FN la jugeait récemment trop « inexpérimentée » pour devenir ministre en cas de victoire, et Florian Philippot, bras droit de la présidente, la trouvait en décembre « seule et isolée » au sein du FN.
Sous les « Marine présidente », sa nièce jouait néanmoins encore, mardi soir à Bayonne, l’ailière droite dans l’équipe frontiste à dix jours du premier tour de la présidentielle, assurant : « Cette victoire électorale est aujourd’hui vraiment à portée de main ».
Sens (Yonne), Crisolles (Oise), Fougères (Ille-et-Villaine)… A chaque étape, la benjamine de l’Assemblée nationale (27 ans) cite les engagements de Marine Le Pen, donne du « nous », « nous avons décidé » ou « nous allons ».
Son style est personnel, sourire franc, propos tranchés, évocation plus grande encore des dangers supposés d’une « islamisation » en cours, mais Marion Maréchal-Le Pen commence son meeting à Bayonne par le clip de campagne de sa tante, et l’achève par cette exhortation: « Saisissez votre chance! Vive Marine Le Pen ! Vive le Front national ! Vive la France ».
La députée défend aussi l’eurodéputée, à qui il a été reproché ces derniers jours d’avoir dit que la rafle du Vel d’Hiv de 1942 n’était pas de la responsabilité de la France: « Avec Marine Le Pen, nous ne serons pas de la génération qui s’excuse ».
Et la petite-fille de Jean-Marie Le Pen attaque Emmanuel Macron, principal rival de Marine Le Pen, qui avait dit que la colonisation française en Algérie était un « crime contre l’humanité ». « Il s’adresse là (…) à la communauté franco-algérienne, francophobe j’imagine », lâche Marion Maréchal-Le Pen.
Guère de dégagement personnel, excepté pour une anecdote ou pour s’en prendre au LR Christian Estrosi, avec qui elle ferraille au Conseil régional de Paca.
– Candidature incertaine –
« Malgré parfois les quelques divergences que j’ai pu avoir, il n’y a rien d’incompatible » avec Marine Le Pen, a-t-elle tenu à assurer dimanche, réfutant « des lignes totalement contradictoires ».
Alors que Le Canard Enchaîné avait suggéré une semaine auparavant un retrait de la vie politique après la présidentielle, Marion Maréchal-Le Pen a assuré dimanche: « Oui, je serai candidate » à un nouveau mandat dans le Vaucluse. Mais elle a réaffirmé se garder « la possibilité de pouvoir partir, mais au moment le plus opportun ».
Mardi soir, les 400 manifestants présents à l’extérieur n’avaient cure de ces interrogations sur l’avenir. « Vous préférez la nièce ou la tante ? » La question ironique d’une journaliste, posée à ces protestataires que Marion Maréchal-Le Pen qualifie de « punks à chien », « indépendantistes fumeurs de chichon », « associations LGBT et d’extrême gauche » ou « syndicalistes professionnels », inspire plutôt les 250 frontistes dans la trop grande salle Lauga.
Pour Claudie Cheyroux, « sur l’avortement et la vie, +Marine+ se positionne comme future présidente, ce que je comprends tout à fait. +Marion+, elle, comme défenseure de la vie. »
Sur ces sujets, sources de tensions au parti d’extrême droite, cette conseillère régionale FN est « plutôt sur la ligne +Marion+. C’est notre députée, notre étendard à l’Assemblée nationale, un peu flamboyante. » « Une de nos chouchoutes », abonde un autre élu régional, Gilles Hustaix.
Mais du côté de la députée, l’ambiance semble plus à baisser les armes en vue du congrès FN prévu à l’automne, anticipé par certains comme l’occasion d’une grande explication de ligne entre les tenants de Marion Maréchal-Le Pen et ceux de Florian Philippot.
Pour un soutien de la députée interrogé par l’AFP en fin de semaine dernière, « le +Canard+ est bien informé, mais c’est pas la bonne temporalité. Elle prendra la décision sur son retrait après la présidentielle ».
Avec AFP