Abstention ou vote blanc plutôt qu’Emmanuel Macron: deux militants de La France insoumise sur trois vont bouder le candidat d’En Marche! selon les résultats de la consultation dévoilés mardi, à la veille du crucial débat télévisé entre les deux postulants à l’Élysée.
Alors qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont surtout attelés à préparer leur face-à-face, l’attention s’est portée sur les 430.000 adhérents de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, qui étaient appelés à s’exprimer sur la conduite à tenir au second tour de la présidentielle.
Parmi quelque 243.000 votants, 36,12% ont choisi le vote blanc ou nul et 29,05% l’abstention. Seuls 34,83% des militants ont opté pour le vote Emmanuel Macron. Le vote en faveur de Mme Le Pen, qualifié de « terrible erreur » par M. Mélenchon dimanche, n’était pas une option de cette consultation.
Les Insoumis ont-ils été refroidis par la fin de non-recevoir opposée par M. Macron à leur leader ?
Dimanche, Jean-Luc Mélenchon, qui avait réuni près de 20% des voix au premier tour et avait refusé de donner une consigne de vote, a effectivement demandé un « geste » en faveur de ses électeurs. Mais M. Macron a refusé notamment d’abandonner son projet de réforme du droit du travail par ordonnances.
« Je ne vais pas modifier mon projet pour aller convaincre des électeurs qui n’ont pas voté pour moi au premier tour », a expliqué M. Macron sur RMC et BFMTV mardi matin. Il a toutefois promis de mener ses réformes « en considérant cette part des inquiets, des perdants, de ceux qui, aujourd’hui, n’y trouvent pas leur compte ».
L’ancien ministre a poursuivi mardi ses clins d’œil à la France anti-FN: il a rencontré mardi matin le résistant Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin pendant l’Occupation allemande.
– Appel de Taubira en faveur de Macron –
Et il continue en outre d’engranger des soutiens, parfois symboliques, comme celui, appuyé, de l’ancien ministre grec Yanis Varoufakis ou de Christiane Taubira.
Bernard Cazeneuve a lui appelé mardi soir les socialistes à voter Macron et à être « disponibles pour le faire réussir », lors d’un meeting à Dijon.
Le Premier ministre était aux côtés du maire PS François Rebsamen et du porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, qui a exprimé son « incompréhension » face au choix des « Insoumis », une « erreur » selon lui. A l’inverse, Louis Aliot (FN) a qualifié ce résultat de « très sain » et « logique ».
Tous ces appuis sont sans doute bienvenus alors que l’ancien locataire de Bercy est en recul dans les sondages, tout en restant assez largement favori (59 à 60% des voix).
Ce tassement pimente le débat diffusé mercredi à 21H00 sur TF1 et France 2, le duel étant lancé dès mardi par un tweet de Marine Le Pen. Si M. Macron « ne se sent pas à l’aise » dans le débat, « il peut toujours demander à François Hollande de venir lui tenir la main », a écrit la candidate du Front national.
« Notre but est de ne pas se laisser entraîner dans le combat de boue », prévient-on en retour dans l’entourage de M. Macron.
Dans un entretien à paraître mercredi dans les titres du groupe Ebra, Emmanuel Macron se différencie de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande, qui « aimaient trop la politique », à ses yeux, et assure que lui veut « réformer le pays » et pas « continuer le train des affaires ».
En début de journée, les principaux soutiens de Mme Le Pen s’étaient employés à démentir tout plagiat alors que le discours de leur candidate lundi à Villepinte reprenait, mot pour mot, des passages d’un discours mi-avril de François Fillon.
Marine Le Pen a « assumé totalement », dans la soirée sur TF1, cet emprunt, qualifié de « clin d’oeil » aux électeurs du candidat de la droite avec lesquels elle partage « la même vision de la France, de sa grandeur, du rôle qu’elle doit avoir dans le monde ».
A l’inverse, le parti Les Républicains a dénoncé ce plagiat comme une « grossière » tentative d' »acheter » ses électeurs.
Après le journal télévisé de TF1, Mme Le Pen a promis, lors d’une rencontre dans la soirée avec des Africains vivant en France et des Français d’origine africaine, de consacrer, si elle est élue, 0,7% du PIB à la « coopération avec l’Afrique ».
Avec AFP