Déplacements sur le « terrain », meetings drainant des milliers de personnes: la sécurité des candidats à la présidentielle est un défi pour les forces de l’ordre, alors que deux hommes ont été arrêtés mardi, soupçonnés de vouloir commettre un attentat pour impacter l’élection, dans un contexte de menace jihadiste.
– Qui décide de la protection et comment ?
L’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) fixe le niveau de la menace sur une échelle de 1 à 4. Le service de protection des personnalités (SDLP) adapte ensuite le dispositif de sécurité, qui peut fluctuer selon les engagements des candidats.
« Le niveau de sécurité est très conséquent », explique-t-on au ministère de l’Intérieur. « Il n’y a pas de petits ou de gros candidats. Seule l’appréciation de la menace qui pèse sur la personnalité politique, rentre en ligne de compte », ajoute-t-on de même source.
« Il y a en permanence un échange entre les équipes de policiers qui entourent les candidats, les staffs et les autorités, pour que le dispositif soit le plus adapté », précise-t-on encore place Beauvau.
Outre le dispositif de protection rapprochée, il y a aussi toute une série de mesures d’ordre public engagées, comme le filtrage du public avant les meetings, des patrouilles et les traditionnels dispositifs de maintien de l’ordre.
– Des candidats sous la menace terroriste ?
Marine Le Pen et l’entourage d’Emmanuel Macron ont indiqué que les photos des deux hommes arrêtés mardi à Marseille avaient été distribuées jeudi aux services de sécurité des candidats à l’élection présidentielle.
Selon le ministre de l’Intérieur Matthias Fekl, les deux suspects « radicalisés » avaient l’intention de passer à l’acte « dans les tout prochains jours ». Pour l’heure, aucun projet précis ciblant un candidat n’a été identifié, a affirmé à l’AFP une source proche de l’enquête.
« Les fiches à diffusion nationale ont été envoyées à tous les services de police et donc au SDLP », explique une source policière. « Les officiers de sécurité ne connaissent pas le contenu de l’enquête. Ils savaient juste que ces deux hommes étaient soupçonnés de vouloir commettre une action violente », complète-t-elle.
A la fin de la semaine dernière, François Fillon a été réévalué en « Uclat 2 », le plus haut niveau de menace pour une personnalité. Un choix qui s’explique par la conjonction d’une fausse information faisant état d’une menace sur le meeting et la recherche des deux suspects susceptibles de se trouver dans le sud-est de la France.
A l’exception de Marine Le Pen qui est évaluée « Uclat 3 », c’est-à-dire qu’il y a des menaces à son encontre, les autres candidats sont tous « Uclat 4 », exempts de menace.
L’ex-Premier ministre a six officiers de sécurité à ses côtés. Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Benoît Hamon disposent de cinq policiers, Jean-Luc Mélenchon trois, François Asselineau deux, Nicolas Dupont-Aignan et Jacques Cheminade un seul chacun. Philippe Poutou et Nathalie Arthaud ont refusé toute protection.
– Articuler campagne et sécurité
Plusieurs sources policières soulignent la tension d’une campagne marquée par la menace terroriste mais aussi des troubles à l’ordre public qui vont de la contre-manifestation au concert de casseroles, en passant par des tentatives d’enfarinage comme celle dont a fait l’objet M. Fillon lors d’un meeting, à Strasbourg, le 6 avril.
Difficile cependant de canaliser l’ardeur des candidats en pleine campagne. « La campagne doit continuer jusqu’au bout », a affirmé mardi François Fillon, quand Emmanuel Macron, en visite dans les Yvelines, a assuré qu’il continuerait à aller « au contact, à (se) déplacer ».
« La protection est toujours vécue comme une contrainte par les candidats qui veulent aller à la rencontre des électeurs. S’ils écoutaient les policiers chargés de leur protection, ils seraient dans un bunker. Mais force est de constater que les politiques ne rendent pas la tâche facile aux officiers de sécurité », relève une source policière.
Avec AFP