Le paquet de cigarettes à 10 euros dès 2017, Mélenchon et Macron sont pour, Fillon et Le Pen contre: les engagements de sept candidats à la présidentielle en matière de santé publique (tabac, alcool, insécurité routière) ont été évalués par des experts dont la pneumologue Irène Frachon ou le professeur Claude Got.
« La sécurité sanitaire, la santé publique, c’est un axe majeur, pas une idéologie de droite ou de gauche », a commenté Irène Frachon à l’AFP.
Les vingt questions soumises aux candidats portaient sur l’usage de l’alcool et du tabac, l’alimentation, l’insécurité routière et « certains agissements des industries du médicament » pour tenter d’agir sur des facteurs de risque à l’origine de « 100.000 vies » prématurément fauchées chaque année.
Outre Irène Frachon, les réponses des candidats ont été passées au crible et notées par Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, le Pr Claude Got, expert des questions de sécurité sanitaire et routière, l’épidémiologiste Catherine Hill et les professeurs Serge Hercberg (nutrition), Gérard Dubois et Albert Hirsch (Alliance contre le tabac).
« Sur les quatorze mesures que nous avions proposées en 2012, une seule a été appliquée, le paquet neutre », déplore le Pr Got, qui espère que cette nouvelle initiative pourra éclairer les électeurs.
Sur le tabac d’abord, les candidats apparaissent divisés: si Fillon et Le Pen sont contre un paquet de cigarettes à 10 euros dès 2017, Mélenchon et Macron sont pour.
La confédération des buralistes a aussitôt « dénoncé » la volonté de certains candidats de mettre le paquet à 10 euros, voire à 20 en fin de quinquennat. L’Australie et la Grande-Bretagne ont pourtant prouvé l’efficacité d’une forte augmentation des prix pour réduire le tabagisme, selon les experts. Le paquet coûte aujourd’hui 18 dollars (presqu’autant d’euros) à New York.
Hamon se borne à proposer d’augmenter les taxes sur le tabac de 10% par an.
– Alcool et malbouffe –
Sur l’ensemble des sujets abordés, Jean-Luc Mélenchon a décroché un 20/20, ayant répondu « oui » à l’ensemble des mesures préconisées, y compris celles pouvant fâcher des électeurs, relèvent les experts.
Benoît Hamon obtient un 15, Marine Le Pen 8, Emmanuel Macron 7 et François Fillon 2. Nathalie Arthaud a 13 et Jacques Cheminade 12. Les autres n’ont pas répondu à ce questionnaire mis en ligne mardi (www.securite-sanitaire.org), et Nicolas Dupont-Aignan n’a pas été joint.
Benoît Hamon semble particulièrement soucieux de l’indépendance de la formation médicale et d’interdire la promotion des médicaments par des visiteurs médicaux salariés des laboratoires, constate Irène Frachon, rappelant l’impact de ce « marketing » dans l’affaire du Médiator.
Quant à remplacer la mention « à consommer avec modération » par le nombre de calories et la quantité d’alcool pur en grammes dans chaque canette ou bouteille, c’est accepté par trois candidats (Hamon, Macron et Mélenchon), et « à étudier » selon M. Fillon. Pour Marine Le Pen, l’affichage de ces « deux indications sur les étiquettes est envisageable ».
Taxer les boissons en fonction de leur teneur en alcool, Fillon, Macron et Le Pen sont contre, Hamon pour.
Encourager l’activité physique grâce des incitations financières, une mesure ayant peu de risques de déplaire, met tout le monde d’accord. Mais taxer les aliments de la malbouffe (« junk food »), trop gras, trop sucrés ou salés, est approuvé par Hamon et refusé par Fillon, Marine Le Pen et Macron.
Quant à la question de la sécurité routière (près de 3.500 décès chaque année), le sujet est devenu sensible puisque, pour la première fois depuis 1972, la France reste avec trois années consécutives de hausse des morts (2014-2016),
« La mesure la plus importante pour réduire la mortalité sur les routes est d’abaisser la vitesse maximale à 80 km/h sur les routes sans séparation entre les deux sens », estime le Pr Got. Mesure non retenue par Fillon et Le Pen. Hamon l’accepterait, mais est paradoxalement contre l’augmentation du nombre des radars mobiles et l’interdiction des systèmes signalant aux automobilistes les contrôles de vitesse.
Avec AFP