Par opportunisme ou par proximité idéologique avec Emmanuel Macron, plusieurs candidats aux élections législatives, dont d’anciens ministres PS, s’affichent avec la mention « majorité présidentielle » sans être investis par La République en marche, parfois obligée d’intervenir pour clarifier la situation.
Comment s’y retrouver quand deux voire trois aspirants députés se réclament du mouvement d’Emmanuel Macron, tout juste élu à la présidence de la République et désormais en quête d’une majorité à l’Assemblée pour gouverner ?
Dans la 4e circonscription de la Manche (celle de l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve qui ne se représente pas) Blaise Mistler, candidat officiel de La République en marche, doit ainsi affronter Sonia Krimi, « marcheuse de la première heure en route pour représenter la majorité présidentielle », comme elle se définit sur son compte Twitter et le décline sur son matériel de campagne.
Dans la 4e des Vosges, ce sont trois postulants qui se revendiquent « majorité présidentielle », tout comme dans la 1re du Maine-et-Loire où Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot, a été investi de longue date par La République en marche. Celui-ci doit notamment composer avec Luc Belot, député PS sortant, qui avait soutenu Benoît Hamon durant la campagne présidentielle mais « sort des affiches +majorité présidentielle+, des tracts avec le nom de Macron qui apparaît 18 fois », selon M. Orphelin.
« En Marche 49 a fait dimanche soir un communiqué où on appelle ces candidats à la clarté », poursuit M. Orphelin. « On comprend pourquoi le candidat du PS veut cette ambiguïté: pour profiter de notre dynamique et pour tromper les électeurs », ajoute-t-il en dénonçant « des manoeuvres de la vieille politique dont les citoyens ne veulent plus ».
Ce phénomène, qui concerne « 2-3 dizaines » d’affaires « peut-être un peu plus » est « compliqué » à contrôler, dit Grégoire Potton, qui cornaque la campagne des législatives pour La République en marche.
Catherine Barbaroux, présidente par intérim de La République en marche, plaide donc pour « une régulation sur le terrain » en soulignant que des « 30-40 cas de dissidence » claire recensés, il n’en restait plus que « 4-5 à régler » mardi matin.
– ‘Zones grises’ –
« On épaule, s’il faut faire des communiqués, des mises au point. On se réserve la possibilité d’aller faire campagne pour les candidats menacés avec un ministre, de ne pas les laisser aux prises avec une ambiguïté malsaine », assure-t-elle en déplorant « des cas où vous avez un candidat qui met plus de photos d’Emmanuel Macron que de lui-même alors que ce n’est pas le candidat investi par le mouvement ».
Ces exemples illustrent en réalité une myriade de situations différentes et autant de « zones grises », dit Mme Barbaroux.
Ainsi, La République en marche regarde avec un oeil plutôt bienveillant les anciens ministres du gouvernement sortant Manuel Valls, Marisol Touraine ou Myriam El Khomri se servir de la mention « majorité présidentielle » sur leurs affiches.
Plusieurs candidats socialistes ont suivi ces exemples: le Premier secrétaire du parti Jean-Christophe Cambadélis évaluait lundi leur nombre à « une petite quinzaine », mais sans doute sont-ils plus, dans le sillage de Malek Boutih (Essonne), Bernadette Laclais (Savoie), Pierre-Yves Le Borgn’ (Français de l’étranger), Anne Dillenseger (Côte-d’Or)…
Parmi eux, Eric Vève, postulant dans la 2e circonscription du Calvados, qui « considère que c’est de notre responsabilité collective que de faire en sorte que ce quinquennat soit une réussite ».
« Sur le terrain, dans les marchés, le discours de rassemblement est audible », insiste-t-il. « Avec des poids lourds de droite nommés au sein du gouvernement, je dis qu’il faut des députés de gauche au sein de la majorité présidentielle ».
Même positionnement pour Pierre Jouvet dans 4e de la Drôme, qui espère « orienter la majorité vers des réformes plus sociales ». « Je pense qu’à la fin, on constituera une groupe de gauche autonome au sein de la majorité présidentielle », avance-t-il.
Si les candidats PS n’hésitent pas à afficher leur proximité avec Emmanuel Macron, les Républicains ont, eux, « une approche plus nuancée et prudente de la campagne », souligne Catherine Barbaroux.
« Ils ont un potentiel électoral qu’ils estiment supérieur à celui du PS, qui n’a pas d’autre choix que d’essayer de profiter de la dynamique du mouvement », remarque-t-elle.
Avec AFP