François Hollande remet dimanche les clés de l’Élysée à Emmanuel Macron au terme d’un quinquennat marqué par l’impopularité, la tragédie des attentats et l’échec contre le chômage, mais aussi quelques succès comme l’accord sur le climat.
A 10H00 précises, ce sera la dernière image marquante de son mandat quand le chef de l’État sortant accueillera sur le perron du palais présidentiel, tout au bout du tapis rouge, son ex-protégé, ancien secrétaire général adjoint et ministre de l’Économie, de plus de 20 ans son cadet.
Avec, malgré tout, quelques motifs de satisfaction affichés: « La sociale-démocratie s’en sort sous une autre forme », confiait-il à l’AFP dans l’avion qui le ramenait lundi soir de Berlin, son ultime déplacement présidentiel à l’étranger.
« Je préfère transmettre (le pouvoir) à un ancien ministre de mon gouvernement, un ancien conseiller, un proche tout au long de ces dernières années qu’à un opposant irréductible », observait-il encore.
Cette passation de pouvoir symbolisera plus que jamais une présidence au cours imprévisible, achevée d’une certaine manière dès le 1er décembre quand François Hollande a annoncé qu’il ne se représenterait pas, et débouchant sur une recomposition politique inédite sous la Ve République.
Le président sortant aura connu une impopularité record, achevant son mandat avec une cote de confiance en chute libre, à 14%, lui qui entendait être un président « normal », proche du peuple, à la manière scandinave.
Ce qui l’emporte certainement sur tout le reste, c’est un chômage de masse qui mine la société française depuis le milieu des années 70 et dont il n’est pas parvenu à retourner décisivement la courbe ascendante en dépit de ses promesses répétées.
Accusé d’avoir tourné le dos à l’esprit du discours du Bourget, il verra aussi sa majorité se fracturer irrémédiablement sur la loi travail, ultime tentative de redresser les chiffres de l’emploi mais pourfendue entre autres par les « frondeurs » du PS et contestée dans la rue.
Dans les innombrables déplacements de ces dernières semaines en province et dans les « quartiers sensibles » où il a multiplié les avertissements contre les extrêmes, François Hollande a multiplié les bains de foule, semblant quasiment jouir d’un regain de sympathie, comme celle accordée à un souverain déchu.
D’où ce mot qui lui ressemble tant, au détour d’un entretien avec L’Obs: « Je suis à deux doigts d’être aimé ».
Dans ce même entretien, François Hollande évoquait aussi une face sombre de son quinquennat, celles des attentats jihadistes qui ont ensanglanté la France en 2015.
– 250 déplacements à l’étranger –
« La mort, la mort, la mort. Celle des innocents, des policiers, la mort sans cesse répétée », dira-t-il.
Dans ces moments terribles, il avait semblé « présidentialisé », gagnant ses galons de « chef de guerre » et apparaissant en « père de la nation », garant de son unité.
Une image restera, sa marche dans les rues de Paris au bras de la chancelière allemande Angela Merkel et du président malien Ibrahim Boubacar Keïta avec une quarantaine d’autres dirigeants étrangers, quatre jours après l’attentat contre Charlie Hebdo.
Mais l’unité nationale volera en éclat avec son projet d’étendre la déchéance de nationalité, qui fractura la majorité présidentielle et sera finalement abandonné.
Son mandat a aussi été marqué par les opérations extérieures lancées sous ses ordres, comme au Mali où l’avancée de colonnes jihadistes qui menaçaient de fondre sur la capitale a été stoppée par l’intervention militaire française en janvier 2013.
« Je viens sans doute de vivre la journée la plus importante de ma vie politique », lancera-t-il trois semaines plus tard à Bamako qui l’accueillait comme en « libérateur ».
La face lumineuse de ce quinquennat c’est aussi le coup de marteau salvateur de Laurent Fabius sur le bureau de la COP21 au Bourget où la France réalise l’impensable, mettre d’accord 195 pays sur un programme de lutte contre le réchauffement climatique.
François Hollande a aussi été très actif sur le front diplomatique, qu’il s’agisse des crises ukrainienne, grecque ou de la zone euro avec quelque 250 déplacements à l’étranger au cours de son quinquennat, sans doute un record.
Avec AFP