Confrontée à un duel difficile face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen est repartie dès lundi matin en campagne dans le Pas-de-Calais, en quête d’une stratégie pour tenter de déjouer les pronostics qui la donnent perdante le 7 mai.
Quinze minutes chrono sur un marché, le temps de s’offrir quelques images devant des télévisions triées sur le volet tandis que le reste de la presse était dérouté vers Béthune: Marine Le Pen a quitté son QG de la veille, Hénin-Beaumont, lundi matin vers Paris, et fait une courte halte sur le marché de Rouvroy, où elle a réuni au premier tour 42,7% des suffrages exprimés.
La dirigeante d’extrême droite en a profité pour jouer du contraste avec son adversaire: sur ce marché, « c’est sûr que ça change de la Rotonde », restaurant parisien de la rive gauche où Emmanuel Macron a fêté sa victoire de premier tour la veille au soir.
« Moi je suis la candidate du peuple », a-t-elle proclamé une nouvelle fois.
La présidente du FN semble pourtant avoir mesuré depuis la veille le défi qui s’offre à elle d’ici au 7 mai: « Nous sommes des challengers pleins d’espérance et de dynamisme », a-t-elle reconnu. « On est des challengers clairement, c’est évident », a approuvé son bras droit, Florian Philippot.
En face d’elle, « le vieux front républicain tout pourri, dont plus personne ne veut, que les Français ont dégagé avec une violence rare, essaie de se coaliser autour de M. Macron. J’ai presque envie de dire tant mieux! », a-t-elle accusé.
Car pendant que son adversaire reçoit depuis dimanche soir des appels continus à voter en sa faveur au second tour de la part des différents ténors de la droite et d’une large partie de la gauche, hormis Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen n’a elle pu compter que sur le « ni-ni » de Sens commun, mouvement issu de la Manif pour tous ou de Jacques Myard, député LR souverainiste.
Christine Boutin, ancienne présidente du Parti chrétien démocrate (PCD), juge l’adhésion « possible » au vote Le Pen.
Nicolas Dupont-Aignan, souverainiste et candidat Debout la France qui obtenu environ 4,7% des voix, donnera son choix « en début de semaine ». D’ici là, il tient un bureau national à 16h30, et un conseil national de son parti à 17 heures.
– Peu de soutiens –
Marine Le Pen affronte un casse-tête stratégique, visible dans ses premières déclarations de second tour: dimanche soir, elle s’est présentée comme la candidate de la « grande alternance » face au candidat de la « mondialisation sauvage ».
Lundi, sur le marché de Rouvroy, c’est sur un autre domaine qu’elle est au contraire venue convaincre les électeurs: dans sa besace, quelques tracts « Eradiquer le terrorisme islamiste » offerts aux passants ou aux commerçants.
Selon deux sondages réalisés dimanche soir, M. Macron la battrait largement, 62%-38% selon Ipsos Sopra Steria, 64%-36% selon Harris Interactive.
Pour un soutien, interrogé par l’AFP dimanche soir, deux conditions sont nécessaires pour entretenir la flamme d’une victoire de Marine Le Pen, qui visait la première place et une large avance au premier tour.
Tout d’abord, « que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon aillent à la pêche » le 7 mai, c’est-à-dire ne barrent pas la route massivement à Marine Le Pen avec un vote pour l’ancien ministre de l’Economie.
Ensuite, « que les gens de chez François Fillon se disent que Marine Le Pen sera mieux qu’Emmanuel Macron sur le terrorisme », explique cette source.
« J’ai du mal à croire » à toutes ces conditions, euphémise ce frontiste, alors que plusieurs autres membres du parti expliquaient à l’AFP ces derniers temps que François Fillon était un adversaire plus abordable.
Mme Le Pen sera lundi soir sur France 2. Elle tiendra jeudi soir un meeting d’entre-deux-tours à Nice, bastion de la droite qui a placé François Fillon devant elle d’un gros millier de voix. Elle devrait être le 1er mai au Parc des Expositions de Villepinte.
Le débat télévisé d’entre-deux-tours entre les deux candidats « devrait avoir lieu », a aussi estimé lundi David Rachline, le directeur de campagne de la candidate frontiste.
Avec AFP