Le ministre allemand des Finances a rompu mardi la neutralité officielle de mise concernant l’élection présidentielle française, en indiquant qu’il préférait le centriste Emmanuel Macron à François Fillon, pourtant proche de lui sur le plan politique.
« Ne me mettez pas en difficulté, vous savez quelle est ma famille politique », a déclaré Wolfgang Schäuble en référence au fait que son parti conservateur, la CDU d’Angela Merkel, était un parti « frère » au plan européen des Républicains, le mouvement de M. Fillon.
Mais « si j’étais français, si j’étais habilité à voter (…) je voterais probablement pour Macron », a déclaré ce vétéran de la politique de 74 ans, qui jouit d’une image d’intégrité, lors d’un débat organisé par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.
Il a justifié ses réserves par l’attitude de François Fillon face à son inculpation notamment de détournement de fonds publics dans une affaire d’emplois fictifs présumés concernant son épouse.
« Fillon, ce n’est pas tant les affaires en tant que telles, c’est sa réaction, ses attaques à l’égard de la justice et autres choses semblables », a-t-il dit.
« Tout cela n’est pas très encourageant », a déploré le ministre allemand des Finances, proche de la chancelière et poids lourd de son parti.
Angela Merkel n’a apporté de soutien officiel a aucun des candidats, après avoir reçu trois d’entre eux à Berlin, MM. Fillon et Macron mais aussi le candidat socialiste Benoît Hamon.
En 2012, elle avait soutenu le président sortant Nicolas Sarkozy.
En rompant cette neutralité d’usage, M. Schäuble a en réalité dit tout haut ce que nombre de responsables allemands, en particulier des proches d’Angela Merkel, disent en privé. S’ils louaient au départ les élans réformateurs de François Fillon, ils lui préfèrent désormais Emmanuel Macron et ses positions pro-européennes.
M. Schäuble a ironisé sur le parti de la droite française, aujourd’hui les Républicains, et son habitude de « changer de nom après chaque défaite » tout en gardant les mêmes responsables.
Le ministre allemand des Finances, considéré comme l’un des faucons de la politique d’austérité allemande et un repoussoir pour l’électorat de gauche traditionnelle, a vanté les mérites du candidat Emmanuel Macron, dont il estime au vu des sondages la victoire, au terme d’un second tour face à Marine Le Pen, comme « vraisemblable ».
Tout en admettant que l’un des défis principaux du prochain président français sera de parvenir à dégager une majorité parlementaire.
Avec AFP