Marine Le Pen présente lundi son manifeste et ses propositions en vue des élections européennes pour « tout remettre sur la table » sans sortir de l’euro, entérinant un virage pris après la présidentielle.
« On veut tout remettre sur la table », a lancé samedi à Mer, dans le Loir-et-Cher, la présidente du Rassemblement national en évoquant ce manifeste de 75 pages qui n’est « pas seulement un programme » mais une « vision de l’homme ».
La finaliste de la présidentielle, dont la liste talonne celle de LREM, le présente à Strasbourg, où siège le Parlement européen qui sera renouvelé le 26 mai, pour marquer son « attachement à faire de cette ville française le siège de l’Europe ».
Plaidant pour une Europe des nations et des « coopérations » en lieu et place d’une Union européenne « fédéraliste » et « carcérale », elle ne veut pourtant plus en sortir comme c’était le cas avant la présidentielle.
Le manifeste devrait d’ailleurs prendre acte de la volonté des Français de maintenir l’euro, selon une source proche du RN. Marine Le Pen compte désormais sur ses alliés au pouvoir en Europe pour, « de l’intérieur, modifier profondément le fonctionnement de l’UE » pour en faire une « Alliance européenne des nations », a-t-elle développé dimanche au « Grand Jury » de RTL/LeFigaro/LCI.
– « Serpent fiscal » –
En premier lieu, il s’agira de retirer « l’intégralité de ses pouvoirs » à la Commission européenne, qui « n’a aucune légitimité » et de renégocier les traités.
Au lieu de sortir de l’euro « qui a énormément de défauts”, elle propose que la Banque centrale européenne se fixe comme objectif l’emploi et pas seulement l’inflation. Et que l’argent qui sert à « sauver les banques » soit orienté vers « l’économie réelle » et les investissements.
Le RN avance aussi dans le manifeste l’idée d’une « responsabilité nationale de l’entreprise ».
« Une entreprise qui délocalise, qui fait appel au travail détaché à bas coût, qui refuse de payer ses impôts en France » ne pourra pas avoir accès aux marchés publics, a expliqué samedi Mme Le Pen.
Le manifeste évoque également l’idée d’un « serpent fiscal » qui fixerait des limites, hausse et basse, entre lesquelles s’inscriraient les différents pays en matière d’impôt.
A l’inverse du camp des « mondialistes » auquel appartient à ses yeux Emmanuel Macron, l’avocate du camp des « nationaux » soutient que « l’homme n’est pas interchangeable », qu’il n’est pas « simplement un consommateur ou un producteur » mais un « être enraciné, qui aspire à vivre sur sa terre pour la transmettre à ses enfants ».
– L’homme « enraciné » –
« Celui qui est enraciné chez lui est écologiste, celui qui est nomade (…) s’en moque de l’écologie, il n’a pas de terre », a ajouté samedi la cheffe du RN qui a confié à l’essayiste Hervé Juvin, chantre du « localisme » et d’une écologie identitaire et civilisationnelle, la rédaction du manifeste.
Au lieu du libre-échange, « modèle ignoble », Marine Le Pen prône le « juste échange ». Pour elle, « la civilisation écologique ne signifie pas de fermer les frontières (ou de) vivre dans un blockhaus, mais de réguler le commerce mondial » grâce au protectionnisme.
Elle veut surtout « remettre à sa juste place l’économie, c’est-a-dire derrière le politique, derrière la décision du peuple ». Par exemple, « si le peuple ne veut pas » davantage d’immigrés, « les immigrés ne doivent pas rentrer », a soutenu samedi celle qui a fait des frontières et de la lutte contre l’immigration la colonne vertébrale de son projet.
Dimanche, elle a comparé les migrants à des éoliennes: « Les migrants c’est comme les éoliennes, tout le monde est d’accord pour qu’il y en ait mais personne ne veut que ce soit à côté de chez lui ».
Avec AFP