Emmanuel Macron maintient le mystère sur sa future majorité

Crédit AFP – By Sébastien BOZON

Avec qui gouverner, et avec quelle majorité? A dix jours du premier tour de la présidentielle dont il est l’un des favoris, Emmanuel Macron n’a dévoilé que 14 de ses 577 candidats aux législatives, un flou qui alimente les spéculations sur un éventuel accord avec le PS.

M. Macron souhaite « un gouvernement réduit d’une quinzaine de membres, paritaire, avec un certain nombre de personnes qui viendront de la société civile et des gens qui ont une expérience politique », a-t-il dit au Parisien mercredi.

« Je vois à peu près qui. Mais je ne le dirai pas tant que je ne suis pas élu, parce que cela dépend aussi du contexte de l’élection », a-t-il souligné.

Même mystère concernant la future majorité présidentielle. « 577 candidats seront investis par En marche! », a assuré M. Macron dans Le Parisien, rappelant que quatorze candidats ont été dévoilés la semaine dernière, dont plusieurs affronteront d’éminents représentants du PS, tels le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis ou le « Monsieur élections » du parti, Christophe Borgel.

« Il y aura encore d’autres investitures d’ici le premier tour, beaucoup entre le premier et le second tour et les derniers après le second tour de la présidentielle, qui iront à l’élection avec l’étiquette majorité présidentielle », a assuré l’ancien ministre de l’Économie.

M. Macron a déjà eu l’occasion de préciser les contours de cette future majorité: composée pour moitié de membres de la société civile, et pour moitié d’élus, elle rassemblerait les « sociaux-démocrates, les écologistes raisonnables et européens, le centre, le centre droit, les gaullistes sociaux, la droite sociale et européenne ».

– Pas de +parti unique+ –

Pourquoi des investitures si tardives ? Il y a à cela d’abord un « usage interne », assure un député PS rallié à M. Macron. « La Commission nationale d’investitures bosse à fond, il y a un grand nombre de circonscriptions où le favori est identifié », confie-t-il. Mais « c’est pour être tranquille », et ne pas démobiliser ceux qui finalement n’auront pas été retenus, assure-t-il.

Autre motivation: Emmanuel Macron souhaite conserver une marge de manœuvre en fonction du résultat de la présidentielle.

La majorité « ça se construit le jour d’après », a-t-il expliqué lors de L’Émission politique de France2 le 6 avril, en assurant qu’il « ne reproduirai(t) pas (…) le travail inachevé en 2002, qui a consisté à ne pas vouloir reconnaître que face au Front national, il fallait construire une union plus large ».

Les candidats labellisés « majorité présidentielle » pourraient-ils partir sous les couleurs de leur propre parti ? A écouter le président du Modem François Bayrou, soutien de poids de M. Macron, l’hypothèse n’est pas exclue.

« Il n’y aura pas de parti unique, il y aura le pluralisme. Un label unique Majorité présidentielle, quel que soit son nom, garantira aux citoyens que plusieurs sensibilités, notamment En marche ! et le MoDem, soutiendront le projet présidentiel, et les groupes parlementaires s’organiseront dans le respect du pluralisme », a-t-il expliqué au journal Sud-Ouest dimanche.

Au PS, certains en sont persuadés: malgré son refus affiché de tout « accord d’appareil », Emmanuel Macron n’aura d’autre choix que de négocier avec le PS s’il veut une majorité, sachant que la droite et le centre sont davantage dans une logique de « cohabitation » que de coalition.

S’il n’y a pas d’accord de désistement entre le PS et En Marche!, « il n’y aura pas beaucoup de députés PS et pas beaucoup de députés En Marche! », note un proche de François Hollande. « S’il présente 577 candidats (…) il finit avec 40-50 députés à peine », prévient cette source.

Pourquoi ne pas se dévoiler aujourd’hui ? « Tout pas qu’il ferait du côté de la gauche lui serait immédiatement compté comme la preuve du faux nez qui est le sien d’être le candidat Hollande par destination », commente ce proche.

Allant dans ce sens, le maire PS de Dijon François Rebsamen a souhaité dans une tribune dimanche la construction d’une « coalition de gouvernement » autour d’Emmanuel Macron.

Avec AFP

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