Il y aura 14 caméras, dont l’une qui filmera l’arrivée des candidats à l’extérieur: dans un studio de la Plaine Saint-Denis, au nord de Paris, les techniciens finalisaient mardi l’organisation millimétrée du débat Macron-Le Pen de mercredi soir.
Avec les équipes des candidats, chaque détail a été passé en revue : la température (19-20 degrés, sinon on transpire), la table (de 2,50 m de large) où ils seront assis face-à-face et le décor de fond, une image floutée de l’Élysée, comme en 2012 et en 2007. Cette fois, aucun public n’est invité.
« Nous voulons montrer au téléspectateur ce qu’il aimerait voir s’il était sur le plateau », a expliqué le réalisateur Tristan Carné, un vétéran des débats télévisés.
Pendant 02H20, Marine le Pen, installée à gauche, et Emmanuel Macron, à droite, débattront autour des questions posées par Nathalie Saint-Cricq (France 2) et Christophe Jakubyszyn (TF1), responsables des services politiques des deux chaînes.
Initialement les chaînes comptaient confier le débat à leurs présentateurs vedettes, Gilles Bouleau et David Pujadas. Mais le CSA a réclamé un duo de présentateurs homme-femme.
Le précédent débat (à onze) avait été présenté début avril par deux femmes, Laurence Ferrari et Ruth Elkrief.
Pour l’instant, l’utilisation des « plans de coupe » ou « plans d’écoute » — montrant le visage de l’autre candidat pendant que le premier s’exprime — n’a pas été validée par les deux candidats, selon le directeur de l’information de France Télévisions, Michel Field.
« L’un et l’autre ont été refroidis par l’usage des plans de coupe sur BFMTV, qu’ils ont jugés intempestifs », a commenté Michel Field.
L’équipe d’Emmanuel Macron a assuré mardi soir à l’AFP qu’elle était « à fond pour les plans de coupe, qui rendent le débat plus vivant et plus authentique », mais qu’ils se heurtent pour l’instant à un « veto » de l’équipe de Marine Le Pen, qui doit donner sa réponse « demain (mercredi) matin ».
– Une douzaine de thèmes –
Une méfiance qui reste vivace depuis 35 ans: c’est en 1981 que Mitterrand avait demandé à Serge Moati, organisateur du débat avec Valéry Giscard d’Estaing, de supprimer les plans de coupe.
Depuis, ces plans étaient tabous, et ce jusqu’aux débats des 20 mars et 4 avril sur TF1 et BFMTV où les candidats les avaient acceptés.
Quant à la table où ils se feront face, c’est l’habitude en France depuis 1974. « Nous avons tenté des pupitres à l’américaine mais ce sera pour nos successeurs », a plaisanté Michel Field. Marine Le Pen a en fait gardé un mauvais souvenir des heures passées debout lors du dernier débat.
Quant à la douzaine de thèmes qui seront abordés, la liste et leur ordre doivent encore être calés avec les équipes, au terme d’une ultime réunion.
Le président du CSA Olivier Schrameck devait passer lui aussi dans l’après-midi visiter le studio.
Chaque candidat se fera conseiller par des « réalisateurs-conseils » qu’ils auront choisis.
Mardi après-midi, les deux présentateurs étaient un peu stressés, d’autant qu’aucun n’est très habitué à ce genre de débats.
« C’est un exercice très particulier où il faut être très modeste », commente Christophe Jakubyszyn, qui attend « une confrontation des personnalités ».
« J’ai rêvé de ce débat ces derniers jours », a raconté Nathalie Saint-Cricq, qui espère « une clarification sur un certain nombre de dossiers, comme celui de Whirlpool ». Elle a demandé des conseils à ses prédécesseurs, d’Alain Duhamel à Arlette Chabot ou David Pujadas.
Les deux présentateurs ont prévu « d’annoncer les thèmes de façon un peu anglée, pour renouveler un peu le genre ». Ils ont tout écrit ensemble et se répartiront les questions.
« Ils devront surtout être des maîtres du temps, ils seront plus jugés la-dessus que sur la pertinence des relances », selon Michel Field.
Quant à la concurrence du match Monaco-Juventus diffusé à la même heure sur BeIN Sports, elle ne fait pas peur aux deux chaînes. « Un match, même important, sur une chaîne payante, ne peut rivaliser avec un débat d’une telle importance civique », tranche Michel Field.
Avec AFP