Pas vraiment au centre de la campagne, l’éducation, pourtant qualifiée de « priorité » par les candidats, tente de se frayer une place dans l’entre-deux tours: le Front National et En Marche! ont détaillé leurs propositions, diamétralement opposées.
Voici un tour d’horizon des principales mesures envisagées par Marine Le Pen et Emmanuel Macron, expliquées par leur responsable éducation respectif: Alain Avello, professeur de philosophie et fondateur du collectif Racine, pour le FN. Fanny Anor, ancienne professeur d’histoire et géographie, et Anousheh Karvar, ex-trésorière de la CFDT, pour En Marche!.
– L’école primaire
Dans ses 144 engagements, Marine Le Pen veut « réserver la moitié du temps d’enseignement au français, à l’écrit comme à l’oral ». Le collectif Racine, proche du Front national, prône 60% du temps d’enseignement dédié au français au CP, avec une décrue progressive dans les classes supérieures. Ce qui signifie une réduction des horaires des autres matières.
La réforme des rythmes scolaires sera « repensée ». Pas de détails sur l’éducation prioritaire, sinon qu’il faudra « la repenser en profondeur » et que « nous sommes opposés à toute mesure de discrimination positive », dit Alain Avello.
En Marche! insiste lui sur l’éducation prioritaire: des effectifs à 12 par classe en CP et CE1 dans les écoles des réseaux d’éducation prioritaire (REP et REP+) grâce au redéploiement des 5.000 enseignants du dispositif « Plus de maîtres que de classes ». Une prime annuelle de 3.000 euros pour les professeurs en REP+ (au primaire et au collège) et trois ans d’ancienneté minimum pour les enseignants en éducation prioritaire.
Pour la réforme des rythmes scolaires, ce sera aux communes et conseils d’école de trancher en 2019 s’ils souhaitent conserver le modèle actuel, garder ou supprimer les activités périscolaires ou revenir à la semaine de quatre jours, propose Emmanuel Macron.
– Le collège et le lycée
Pas de refonte des programmes pour En Marche! et maintien de la deuxième langue étrangère dès la 5e. La réforme du collège est toilettée avec un retour à son « esprit initial »: les 20% d’heures d’enseignement dont les collèges décident de manière autonome peuvent être affectés aux enseignements pluridisciplinaires, aux langues anciennes, aux classes bilangues ou européennes etc.
Le bac sera réformé: examen pour quatre disciplines en Terminale, contrôle continu pour les autres matières en 1ère et Terminale.
Le FN veut la fin du collège unique et l’apprentissage à partir de 14 ans (en fin de 4ème). Ces élèves pourront revenir dans la voie générale jusqu’à la seconde, précise M. Avello, qui prône des classes prépa dédiées aux bacs professionnels.
En histoire, « promotion du roman national » (engagement 97). Suppression de la philosophie pour les bacs technologiques et de l’enseignement moral et civique (EMC), « une farce » remplacée par trois heures hebdomadaires de « Civisme et droit » pour expliquer « les symboles et les principes de la République ». Le ministère de l’Education créera un Capes de droit. Il devra donc recruter des dizaines de milliers de professeurs, vu le volume horaire dédié à cette matière.
– L’université
Le collectif Racine propose une entrée sur dossier à l’université, « en attendant la revalorisation du bac ».
Pour Macron, pas de sélection mais instauration de « prérequis ». Par exemple, un niveau suffisant en maths si l’on souhaite s’inscrire en fac de maths, avec une remise à niveau pour ceux qui peinent. Création de 100.000 places en licence professionnelle pour les bacs pro.
– La formation des enseignants
Le FN veut une refonte des écoles de formations des enseignants (Espe). En se concentrant sur les disciplines et en supprimant les cours de pédagogie, qui « est un art, pas une science, et qui s’acquiert avec la pratique », selon M. Avello.
En Marche! veut développer l’alternance dès la licence pour les métiers de l’éducation et mieux intégrer aux enseignements la recherche en éducation. Tous les profs auront trois jours de formation chaque année.
– L’autorité
Pour le FN, il faut « la rétablir », ainsi que « le respect du maître », et « instaurer le port de l’uniforme ». « Le maître et l’élève ne sont pas égaux et la transmission du savoir passe par la verticalité », explique Alain Avello. Les élèves perturbateurs seront placés dans des internats, propose le collectif Racine.
Emmanuel Macron veut lui « réaffirmer le respect et la sécurité à l’école ».
Avec AFP