« Ah, le gars, il est passé par là-bas! » Dans une salle municipale de Calais (Pas-de-Calais), un habitant observe l’arrivée discrète et par l’arrière de François Fillon, dans un quartier quadrillé par des CRS et sous l’oeil d’un service de sécurité aux aguets.
A quelques mètres de là, près du port et du café Minck, les anti-Fillon, coiffés, pour certains, de bonnets phrygiens, fournissent une bande sonore désormais connue: « Fillon en prison! Fillon en prison! », accompagnés de tintements de casseroles, sur fond de Marseillaise et de L’Internationale.
Cinq camions de CRS les tiennent à bonne distance d’une salle où le public est réduit à quatre petites rangées de chaises, les portes encadrées par des policiers, alors que dans la matinée deux hommes ont été arrêtés, soupçonnés de préparer un attentat « imminent » en lien avec la présidentielle.
Avant de participer à cette table ronde avec notamment commerçants et policiers du Calaisis, l’ex-Premier ministre s’est rendu sur le site de la jungle, démantelée depuis plusieurs mois. Le centre d’accueil Jules-Ferry, où les migrants venaient prendre leur douche et se faire soigner, est désormais désert.
Dans ce décor abandonné, avec graffitis « No Border » et chaussures d’enfants échouées, M. Fillon fait une visite express de quinze minutes, entouré de responsables LR: la maire de Calais, Natacha Bouchart, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, la présidente de l’Ile-de-France Valérie Pécresse, et le député Eric Ciotti.
Même pas un tour complet à pied, mais le temps de dire dans ces territoires où le FN fait des scores élevés qu’il faudra « lutter de manière implacable contre l’immigration clandestine ».
« Depuis qu’on a réglé le problème, le FN a perdu l’un de ses arguments en or », lance à ses côtés Xavier Bertrand, devant une haie de caméras. Un peu plus loin, les officiers de sécurité veillent.
Mais pas question d’en faire des tonnes sur l’attentat déjoué à cinq jours du premier tour de la présidentielle, rangé au rang du « fait divers » par l’ancien Premier ministre, qui félicite toutefois les policiers.
– Officiers de sécurité –
Son attachée de presse est pressée de questions sur le nombre d’officiers de sécurité qui protègent le candidat. Une dizaine se relaient, explique-t-elle, et le ministère de l’Intérieur a téléphoné à M. Fillon pour le prévenir de l’arrestation dans la matinée.
Depuis les révélations du Canard enchaîné sur les emplois présumés fictifs visant sa famille fin janvier, le candidat de la droite à la présidentielle se déplace en France avec difficulté, raréfie ses sorties, et fait des entrées de plus en plus discrètes, en particulier depuis qu’il s’est fait enfariner à Strasbourg.
Il a délaissé le train pour se déplacer en avion, comme pour venir à Calais mardi, ne fend plus la foule dans les meetings mais arrive par les portes latérales.
A l’entrée du meeting devant le Grand Palais à Lille, une longue rangée de camionnettes de CRS est arrimée sur le trottoir, et M. Fillon arrive par l’une des issues de secours pour ce qui pourrait être son dernier meeting d’avant premier tour.
Avec AFP