L’attentat sur les Champs-Elysées, qui a coûté la vie jeudi soir à un policier, a suscité l’effroi et perturbé les dernières heures de la campagne présidentielle, à deux jours du premier tour, un « rendez-vous démocratique » « que rien ne doit entraver » ont rappelé les autorités vendredi.
François Hollande a dirigé un Conseil de défense vendredi matin à l’Elysée, après avoir promis dans la soirée une « vigilance absolue » pour sécuriser la présidentielle. Plusieurs candidats ont annulé leurs déplacements prévus vendredi.
Au cours de la fusillade, l’assaillant a été abattu après avoir blessé deux autres policiers, dont l’un grièvement par une balle qui a touché son bassin, ainsi qu’une touriste touchée par une balle au talon, a précisé une source policière.
L’attaque, qui a eu lieu vers 21H00, a été aussitôt revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), à l’origine de la plupart des attentats qui ont fait 238 autres morts depuis 2015 en France. Il s’agit de « Abu Yussef le Belge, et c’est un des combattants de l’Etat islamique », affirme un communiqué de son organe de propagande Amaq.
Or, selon des sources proches de l’enquête, l’assaillant est un Français de 39 ans, qui faisait l’objet d’une enquête antiterroriste.
Cela pose donc la question de savoir si l’EI a revendiqué l’attentat avec le nom de l’assaillant des Champs-Elysées. D’autant qu’un avis de recherche visant un homme, portant le même prénom que celui de la revendication de l’EI, avait été transmis par les services belges « aux services français, hier », a annoncé vendredi le porte-parole du ministère de l’Intérieur. L’homme s’est présenté dans la matinée dans un commissariat d’Anvers, a précisé Pierre-Henry Brandet peu après.
– Relâché en février –
« L’identité de l’attaquant est connue et a été vérifiée », avait annoncé dans la soirée le procureur de la République de Paris, François Molins. Mais il s’est refusé à la dévoiler, pour ne pas gêner l’enquête ouverte par le parquet antiterroriste.
Cet homme, qui avait manifesté son intention de tuer des policiers, avait été arrêté le 23 février puis relâché le lendemain car la justice estimait qu’il n’y avait pas assez d’éléments pour révoquer sa liberté conditionnelle, selon des sources proches de l’enquête.
Il avait déjà été condamné en 2005 à quinze ans de réclusion pour tentatives d’homicide volontaire notamment sur un policier en Seine-et-Marne.
Trois membres de son entourage étaient entendus vendredi selon une source judiciaire.
Une perquisition a été menée jeudi soir à Chelles, dans ce département, au domicile de l’assaillant, titulaire de la carte grise du véhicule utilisé pour l’attaque. L’homme semble avoir agi seul mais l’enquête s’attachera à déterminer s’il a bénéficié de complicités, a indiqué M. Molins.
Salim, un ami de la famille, qui l’avait vu pour la dernière fois il y a quelques semaines, le décrit auprès de l’AFP comme un type qui « a un grain » et « a passé une bonne partie de sa vie en prison ». Un homme « pas méchant », qui vit chez ses parents.
– ‘Comme s’il venait de Mars’-
Il « a perdu la raison », il est « psychologiquement vraiment atteint », affirme un voisin qui dit le connaître depuis une vingtaine d’années mais veut rester anonyme. « Ses actes, ses réactions, sa façon de marcher, son attitude était en décalage, comme s’il venait de Mars ».
Hier soir sur les Champs-Elysées, l’assaillant était arrivé en voiture. « Il est sorti. Il a ouvert le feu sur un car de police à l’arme automatique, a tué l’un des policiers et à essayé de s’en prendre aux autres en courant », a raconté à l’AFP une source policière. Le quartier a été rapidement bouclé et d’importantes forces de police déployées sur la plus célèbre artère de la capitale, survolée par un hélicoptère.
La présidentielle, très indécise, se tiendra sous le régime de l’état d’urgence, instauré dans la foulée des attentats du 13 novembre 2015.
« Rien ne doit entraver (le) rendez-vous démocratique » de la présidentielle, a déclaré vendredi le Premier ministre Bernard Cazeneuve.
« Dimanche constitue pour nous une journée de tous les dangers », a rappelé Céline Berthon, secrétaire générale du syndicat des commissaires de police (SCPN), affirmant sur Europe1 que « le maximum sera fait ».
Les derniers attentats meurtriers remontent à l’été, avec l’attaque au camion bélier à Nice qui a fait 86 morts le 14 juillet. Un policier et sa compagne avaient aussi été tués en juin en région parisienne, devenant le symbole des forces de l’ordre particulièrement visées par les jihadistes.
Un nouvel attentat a été déjoué mardi selon les autorités avec l’arrestation à Marseille de deux hommes soupçonnés de préparer « une action violente » en pleine période électorale.
Avec AFP