Bernard Cazeneuve a accusé vendredi Marine Le Pen et François Fillon d’avoir choisi « l’outrance et la division », accusant notamment la candidate du FN à la présidentielle de chercher à « exploiter sans vergogne la peur et l’émotion à des fins exclusivement politiciennes », après l’attentat de jeudi soir à Paris.
Marine Le Pen a pour « véritable objectif » de chercher « comme après chaque drame, à en profiter pour instrumentaliser et diviser. Elle cherche à exploiter sans vergogne la peur et l’émotion à des fins exclusivement politiciennes », a accusé le Premier ministre lors d’une déclaration sur le perron de Matignon.
Quant à François Fillon, il « préconise la création de 10.000 postes de policiers. Comment croire sur ce sujet un candidat qui lorsqu’il était Premier ministre en avait supprimé 13.000 dans les forces de sécurité intérieure ? », a-t-il dit, rappelant que le candidat de droite propose de supprimer 500.000 postes de fonctionnaires.
A deux jours du premier tour de la présidentielle, M. Cazeneuve a appelé « solennellement » à la « responsabilité », à être « collectivement à la hauteur » et aux « refus des postures ».
« Notre avenir ne peut pas être à l’image de celui que nous proposent les attiseurs de haine du Front national. Notre meilleure réponse, c’est de faire bloc », a-t-il affirmé.
Le Front national a immédiatement répliqué, par la voix de son numéro deux Florian Philippot: « Pour son inconséquence et sa légèreté, Cazeneuve depuis longtemps aurait dû démissionner », a lâché le bras droit de Marine Le Pen sur Twitter.
Au lendemain de l’attaque contre des policiers sur les Champs-Elysées, la candidate FN a estimé que « depuis dix ans, sous les gouvernements de droite et de gauche, tout a(vait) été fait pour que nous perdions » la « guerre » contre le terrorisme.
Visant le plus longuement la candidate du Front national, dont le parti n’a voté aucune des lois antiterroristes du quinquennat, M. Cazeneuve a cherché à lui répondre point par point en défendant le bilan de l’exécutif Hollande.
Quand Mme Le Pen « demande la restauration immédiate de nos frontières nationales », « elle fait mine d’ignorer que c’est ce gouvernement qui a rétabli le contrôle aux frontières », avec depuis le 13 novembre 2015 « 105 millions de personnes contrôlées » et « 80.000 » refoulées.
Quant à sa demande d’expulsion des fichés S étrangers, depuis 2012, « 117 personnes ont été expulsées du territoire pour des activités terroristes » et ce « dans le cadre de l’Etat de droit ».
« La plus grande fermeté prévaut donc en la matière, sans arbitraire », a-t-il affirmé, soulignant également que la poursuite des fichés S pour « intelligence avec l’ennemi » se traduirait par des sanctions « moins fermes » que celles prévues par les nouvelles lois antiterroristes.
« La facilité n’est pas la fermeté, ni l’outrance le gage de la fermeté », a-t-il critiqué.
Quant à François Fillon, M. Cazeneuve lui a notamment reproché de proposer une révision des accords de Schengen sur la libre circulation dans l’Union européenne, « constamment évoquée » lorsqu’il était Premier ministre mais qui n’a fait l’objet d' »aucune initiative » à l’époque.
« C’est sous l’impulsion de ce gouvernement que la France » a obtenu l’instauration dans les règles de Schengen d’un contrôle aux frontières de l’UE, même pour les citoyens de l’Union.
Tout en prônant « l’unité », François Fillon a jugé que « certains n’avaient pas totalement pris la mesure du mal » qu’il entend combattre « d’un main de fer », notamment via un « criblage » des fichés S.
Avec AFP