Après l’élection d’Emmanuel Macron, le PS se trouve à l’heure des choix : doit-il appartenir à la majorité d’Emmanuel Macron ? à l’opposition ? Pour l’heure, ses responsables ont fait le choix d’une solution médiane, qui ne satisfait ni son aile droite ni son aile gauche.
Pas question pour le Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui doit conduire la bataille des législatives pour le PS, de se draper dans une posture d’opposant face à M. Macron.
« La gauche de gouvernement, qui a le sens des responsabilités et la conscience de l’importance du moment historique où nous nous trouvons, doit apporter sa contribution à la réussite du pays et du quinquennat qui commence », a-t-il affirmé dans un communiqué quelques minutes après l’annonce de la victoire de M. Macron.
« De fait, personne ne peut souhaiter l’échec de ce quinquennat qui s’ouvre. Il faut maintenant penser à la France, ne pas préjuger et encore moins se réfugier derrière des raisons partisanes », lui a fait écho le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis.
Lors d’un meeting à Dijon mardi, M. Cazeneuve avait donné un avant goût de ce que serait sa ligne pour les législatives, invitant les socialistes à être « disponibles » pour « faire réussir » M. Macron, tout en marquant des « divergences » avec lui, notamment sur la réforme du Code du travail.
« Il faut dans le rassemblement que chacun vienne avec son apport, avec son histoire, avec sa force », avait-il dit.
« Nous, ce qu’on va essayer de tenir, c’est d’être dans une attitude où on sera un groupe autonome, ni vraiment dans l’opposition, ni dans la majorité, un partenaire intelligent pour faire progresser des projets de loi », avait décrypté vendredi auprès de l’AFP une des porte-parole du PS, Corinne Narassiguin.
Najat Vallaud-Belkacem a illustré cette posture dimanche: affirmant que le PS devait être « à la fois constructif et exigeant » vis-à-vis de M. Macron. Elle a indiqué qu’elle le soutiendrait quand il voudrait « augmenter le minimum vieillesse », mais qu’elle le « combattrai(t) » lorsqu’il s’agirait de suspendre les allocations des chômeurs après deux offres refusées.
– Hamon pour des candidatures d’union de la gauche –
A l’aile droite comme à l’aile gauche du PS, cette stratégie « ni-niste » ne satisfait guère.
Dans une série de tweets, l’ancien Premier ministre Manuel Valls a appelé dimanche à bâtir « une majorité présidentielle large et cohérente à l’Assemblée », précisant que « le temps est au dépassement et à la clarté pour réussir », au « dépassement des vieux clivages ».
« On peut le regretter, mais dans la Ve République, on est dans la majorité ou dans l’opposition », a affirmé à l’AFP un de ses proches, le député Olivier Dussopt.
Côté frondeur, M. Hamon a semblé vouloir disputer à Jean-Luc Mélenchon le costume de premier opposant de gauche de M. Macron, en appelant depuis un café-théâtre du XIVe arrondissement à un « maximum de candidatures d’union à gauche » pour les législatives, mélenchonistes compris.
Pointant le « score sans précédent, historique, de Marine Le Pen » il a souligné qu’il n’existait pas de majorité dans le pays pour « démanteler le Code du travail par ordonnance », « augmenter la CSG et supprimer l’Impôt sur la fortune », « diminuer le nombre de fonctionnaires » ou « approuver les traités de libre-échange », Tafta ou Ceta.
Il a tracé les contours d’une « plateforme commune à toute la gauche pour gouverner dès le 18 juin »: passage à la VIe République, transition écologique, soutien au pouvoir d’achat des salariés et retraités, « urgence de nouvelles solidarités », fin de l’austérité en Europe.
« Parce que ce soir, nous avons trouvé une majorité seulement pour dire non à l’extrême droite, c’est à l’occasion des élections législatives des 11 et 18 juin prochains que vous allez choisir la politique que vous souhaitez (…) Je veux porter de toutes mes forces cette ambition avec l’ensemble de la gauche », a dit celui qui portait les couleurs du PS au premier tour de la présidentielle.
Avec AFP