A Marseille, où il affronte le député socialiste sortant Patrick Mennucci, le leader de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon veut faire de son élection le symbole d’une victoire nationale, dans une ville où le PS est menacé dans ses quatre circonscriptions.
L’un a parcouru entre deux allers-retours en TGV les petites ruelles du marché très populaire de Noailles, défilé sur la Canebière contre le géant Monsanto ou inauguré un local de campagne près de la gare Saint-Charles. Depuis le début de la campagne, il est aussi allé soutenir les « copains » dans une autre circonscription marseillaise, dans les quartiers nord, ou même à Toulouse ou à Lille.
« Je suis partout chez moi », clame Jean-Luc Mélenchon, pour justifier son choix de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, à Marseille –où il était arrivé largement en tête au soir du premier tour de la présidentielle– et contrer les récurrentes critiques de « parachutage ».
L’autre, ex-maire du secteur, élu député en 2012 de cette circonscription, qui regroupe, entre Vieux-Port et quartiers portuaires, les arrondissements parmi les plus pauvres de la ville, joue à fond la carte locale, arpente jour après jour son secteur, et ne décolère pas contre le choix de son adversaire de combattre un socialiste, plutôt qu’affronter le FN dans ses bastions, au nord de la ville.
« M. Mennucci a tort de penser que je viens pour lui », réplique Jean-Luc Mélenchon. « Je ne veux pas affaiblir le PS, je veux le remplacer », a claironné à son arrivée à Marseille le député européen, ajoutant plus tard: « Mon adversaire, c’est évidemment la candidate de M. Macron ».
Et de fait, entre les deux hommes, au coeur d’un des duels les plus médiatiques de ces législatives, s’est glissée une quasi-inconnue: la représentante locale de La République en marche (REM), Corinne Versini.
Dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, où le PS, écartelé entre LFI (39%) et REM (21,8%) n’avait recueilli que 8,68% des voix au premier tour de la présidentielle, c’est elle qui, sauf triangulaire, affronterait Jean-Luc Mélenchon au 2e tour, selon deux sondages publiés récemment.
– Ravier (FN) de nouveau candidat –
« Par rapport à Mélenchon, j’ai l’avantage « d’avoir travaillé, je ne suis pas un député hors sol », se défend Patrick Mennucci, jugeant que « les sondages ne reflètent pas ce qui se passe sur le terrain ». Et « cela ne veut pas dire que je n’ai pas la capacité à être au second tour », martèle-t-il.
Une élimination dès le premier tour serait d’autant plus dure que le PS semble en difficulté dans les trois autres circonscriptions marseillaises qu’il avait remportées en 2012.
Dans la 3e, le sénateur-maire FN Stéphane Ravier tente de nouveau sa chance, cinq ans après avoir perdu de peu face à la socialiste Sylvie Andrieux, réélue à quatre reprises et dont le siège est vacant depuis sa condamnation pour des détournements de subventions.
Dans la 5e, l’ex-ministre PS Arlette Carlotti a jeté l’éponge, et deux candidats, un UDE et un PRG, se disputent le soutien du PS, qui n’a pas investi de candidat. Quant au dernier député PS, Henri Jibrayel, dans la 7e circonscription, il aura fort à faire dans un secteur où Benoît Hamon n’a enregistré que 5,1% des voix le 23 avril.
En face, la droite parlementaire espère, elle, rester solide, notamment dans les trois circonscriptions remportées en 2012, où ses députés sortants se représentent tous: Valérie Boyer dans la 1e, Dominique Tian dans la 2e et Guy Teissier dans la 6e.
Gauche, droite et FN devront aussi compter, comme ailleurs, avec les candidats de la République en Marche, dans une ville où Emmanuel Macron est arrivé en tête partout au second tour. Face aux vieux routiers, tous font leur premiers pas en politique.
« On a pris un risque ou une chance mais les électeurs veulent du nouveau », dit leur chef de file, Mme Versini.
« Il n’est pas sûr qu’il y ait beaucoup de bons perdants », prédit-elle, s’attendant à peu de désistements entre les deux tours, et à plusieurs triangulaires qui bousculeraient un peu plus la donne politique marseillaise.
Avec AFP