Confrontée à un duel difficile face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen est repartie dès lundi en campagne, annonçant même sur France 2 sa mise en « congé » de la présidence du FN pour tenter de déjouer les pronostics la donnant perdante le 7 mai.
Quinze minutes chrono sur un marché le matin, à Rouvroy (Pas-de-Calais), à deux pas de son fief d’Hénin-Beaumont, le temps de quelques images devant des télévisions triées sur le volet, tandis que le reste de la presse était dérouté vers Béthune.
Quinze autres minutes le soir au journal télévisé de France 2, où la candidate a annoncé qu’elle se mettait symboliquement « en congé » de la présidence du Front national afin de « rassembler » les Français autour de son projet présidentiel, sans plus de précisions.
Chaque fois, Mme Le Pen a pilonné son rival de second tour. « Rien dans le projet de M. Macron, ni dans son comportement, ne dénote la moindre preuve d’amour pour la France », a-t-elle lancé à la télévision, alors que le candidat « En marche! » s’était décrit dimanche soir comme candidat des « patriotes » contre les « nationalistes ».
Lundi matin, elle semblait acter le défi à relever d’ici au 7 mai, se qualifiant de « challenger » face à M. Macron et au « vieux front républicain tout pourri (…) que les Français ont dégagé avec une violence rare, (qui) essaie de se coaliser. »
Le soir, la candidate FN a semblé corriger: « Nous pouvons gagner, je vais même vous dire mieux, nous allons gagner. Nous démarrons cette campagne à 40-60, si on regarde les sondages. Dix petits points, croyez-moi, c’est parfaitement faisable ».
Son adversaire a reçu pourtant depuis dimanche soir des appels continus à voter en sa faveur au second tour, de différents ténors de la droite et d’une large partie de la gauche, hormis Jean-Luc Mélenchon, jusqu’à celui du président François Hollande lundi après-midi.
— Casse-tête —
Marine Le Pen a préféré insister sur « le manque d’unanimité » chez les Républicains, même si le bureau politique du parti a adopté en soirée un texte de compromis « appelant à voter contre » la candidate FN.
Elle n’a eu, de son côté, qu’un appel au vote en sa faveur de l’ancienne présidente du Parti chrétien-démocrate (PCD) Christine Boutin, qui l’a justifié par la volonté d' »affaiblir » Emmanuel Macron.
Sens commun, mouvement issu de la Manif pour tous, ou Jacques Myard, député LR souverainiste, sont dans le « ni-ni ».
Nicolas Dupont-Aignan, souverainiste et candidat Debout la France, qui obtenu environ 4,7% des voix, fait durer le suspense.
Marine Le Pen affronte un casse-tête stratégique, alors qu’elle doit rallier à elle une large partie des électeurs de François Fillon, Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan si elle veut espérer l’emporter.
Selon deux sondages, réalisés dimanche soir, M. Macron la battrait largement, 62-64% contre 36-38%.
Pour un soutien, interrogé par l’AFP dimanche soir, deux conditions sont nécessaires pour entretenir la flamme d’une victoire de Marine Le Pen, qui visait la première place et une large avance au premier tour.
D’abord, « que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon aillent à la pêche » le 7 mai, c’est-à-dire ne barrent pas la route massivement à Marine Le Pen avec un vote pour l’ancien ministre de l’Economie.
Ensuite, « que les gens de chez François Fillon se disent que Marine Le Pen sera mieux qu’Emmanuel Macron sur le terrorisme », explique cette source.
« J’ai du mal à croire » à toutes ces conditions, euphémise ce frontiste, alors que plusieurs autres membres du parti expliquaient à l’AFP ces derniers temps que François Fillon était un adversaire plus abordable.
Mme Le Pen sera mardi matin au marché de Rungis, où M. Macron s’était présenté une semaine auparavant en « candidat du travail ».
Elle tiendra jeudi soir un meeting d’entre-deux-tours à Nice, bastion de la droite qui a placé François Fillon devant elle d’un gros millier de voix, et au Parc des Expositions de Villepinte pour un grand meeting à l’occasion du traditionnel 1er mai frontiste.
Avant un rendez-vous majeur, le débat d’entre-deux tours entre M. Macron et Mme Le Pen le 3 mai, avalisé des deux côtés.
Avec AFP