Présidentielle: Hamon et le PS essuient une défaite historique

Crédit AFP – By Martin BUREAU

Le candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon a essuyé dimanche une lourde défaite, avec un score estimé entre 6 et 7%, qui signe l’affaiblissement historique du Parti socialiste, même si ses responsables promettent une revanche aux législatives.

M. Hamon évite de peu l’humiliation d’un score inférieur à 5%, et surclasse d’un à deux points celui de Gaston Deferre en 1969 (5,01%).

« Cet échec est une profonde meurtrissure, je mesure la sanction historique légitime que vous avez exprimée envers le Parti socialiste », a réagi depuis son QG M. Hamon.

Cette semaine, le camp de l’ancien ministre de l’Education ne se faisait plus guère d’illusion sur la possibilité pour son candidat de parvenir au second tour de la présidentielle, espérant encore passer la barre des 10%.

Mais celle-ci s’est révélée trop haute, les voix du socialiste ayant été siphonnées par Emmanuel Macron (entre 23 et 24%), et par Jean-Luc Mélenchon, surprise de cette élection avec un score qui se situerait entre 19 et 20%.

Dans son allocution, M. Hamon a dit assumer « pleinement la responsabilité » de son échec, « sans (se) défausser sur les circonstances du quinquennat ni les trahisons ».

Au cours des dernières semaines, l’ancien « frondeur », que les sondages créditaient d’un score de 16-17% après la primaire, n’avait pourtant pas hésité à incriminer le poids d’un quinquennat qui a « déçu » les électeurs, le « poison permanent » des défections au sein du PS ou le « rejet » du parti par les électeurs de gauche.

– ‘Le combat continue’ –

Mais le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis évoquait aussi récemment des « problèmes internes » à la campagne de M. Hamon.

Entre autres, de l’aveu même de certains soutiens de M. Hamon: un manque de préparation et d’organisation, des défaillances dans la communication, un repli sur un carré de fidèles de l’ancien ministre de l’Education, qui n’a pas su ou voulu tendre la main à ses adversaires de la primaire et utiliser les forces du PS. Sans oublier la prestation décevante de M. Hamon lors du premier débat, le 19 mars.

Plusieurs membres de l’équipe reconnaissent que le début de campagne a été laborieux, avec de trop longues discussions avec Jean-Luc Mélenchon, restées vaines.

Autre « erreur », selon M. Cambadélis: en disant publiquement que son candidat de prédilection au second tour était M. Mélenchon si lui-même était éliminé, M. Hamon a ouvert la porte à la migration de ses électeurs vers celui de la gauche radicale.

Cette semaine, le premier secrétaire s’est efforcé de minimiser par avance l’effet du désastreux résultat de M. Hamon, promettant un sursaut du PS pour les législatives des 11 et 18 juin.

« Emmanuel Macron aujourd’hui veut présenter 577 candidat dans 577 circonscriptions (…) Jean-Luc Mélenchon présente 577 candidats dans 577 circonscriptions (…) Il ne reste qu’une seule possibilité pour l’électorat de gauche, qui peut rassembler l’ensemble des progressistes, c’est voter socialiste (…) Nous allons mécaniquement remonter. (Le PS) a encore de bons jours devant lui », a-t-il analysé sur LCI vendredi.

De fait, les grandes manœuvres en vue des législatives ont déjà commencé au Parti socialiste, où le Premier ministre Bernard Cazeneuve est encouragé par plusieurs responsables à prendre la tête des opérations.

M. Hamon s’est lui aussi projeté dimanche dans cette bataille, affirmant que « le combat continue, dès le second tour de l’élection présidentielle, dès les législatives ». « Ce soir je ne pense qu’à celles et ceux qui nous attendent, je ne les abandonnerai jamais, je ne déserterai jamais », a-t-il lancé.

Mais il n’est pas certain que M. Hamon et ses proches aient beaucoup voix au chapitre, après le cuisant échec de dimanche.

M. Cambadélis doit s’exprimer lundi midi à l’issue d’un Bureau national. Les proches de François Hollande, qui se retrouveront mardi soir autour de Stéphane le Foll, prévoient de leur côté de publier lundi ou mardi un texte définissant leur « identité politique » et ce qu’ils veulent « construire après ».

Manuel Valls, qui s’exprimera lundi matin sur France Inter, réunira les siens mardi soir.

Avec AFP

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