Et si on supprimait l’élection présidentielle? Un Suisse établi en Belgique, Christophe Meierhans propose dans un spectacle drolatique une nouvelle constitution citoyenne, et un débat tous les soirs en direct avec les spectateurs au Nouveau Théâtre de Montreuil jusqu’au 28 avril.
« Que se passerait-il si on se débarrassait de nos sacro-saintes élections? », interroge le comédien, tandis qu’autour de lui des pots de fleurs en terre se fracassent sur le sol à intervalles réguliers, allusion au titre du spectacle (« Some use for your broken clay pots », ou « du bon usage de vos pots cassés »). Histoire de dire que du passé on va faire table rase, dans cet exercice de politique-fiction.
Christophe Meierhans a travaillé avec quatre universitaires belges (sociologue, philosophe, juriste et politologue) pour élaborer son projet de constitution, « en vente à la sortie en quatre langues », précise-t-il, pince-sans-rire.
Sur scène, il précise son projet avec force schémas: une assemblée de 1.095 citoyens tirés au sort sera chargée de sélectionner les candidats à l’exercice du pouvoir, avec un moyen original: l’auto-disqualification.
Au fur et à mesure de la sélection, chacun décide en son âme et conscience s’il est qualifié pour le pouvoir. In fine, ne restent que les plus déterminés et compétents, qui prennent la tête de ministères baptisés « biens commun », comme l’éducation, l’alimentation ou la défense des citoyens.
Une fois au pouvoir, les « chargés de biens communs » sont soumis au contrôle continu des citoyens, qui peuvent tous les ans envoyer un vote de disqualification. Lorsque le taux de disqualification du responsable atteint 100% « il gicle », annonce sans ambages Christophe Meierhans.
La fiction passionne le public, appelé à intervenir à tout moment pour poser des questions dans cette performance très interactive.
Les questions fusent, très sérieuses: « comment éviter qu’au bout du processus n’accèdent au pouvoir que des hommes blancs éduqués? », « comment assurer la parité? », « comment se fait la transition entre l’ancien et le nouveau système? »
Christophe Meierhans reconnaît que son système est « forcément imparfait » mais plaide pour un « changement complet des modalités de participation » pour ranimer la foi dans la démocratie, vacillante partout en Europe selon lui.
La pièce fait partie d’un temps fort organisé pendant l’élection présidentielle par le Nouveau Théâtre de Montreuil, avec des nombreux débats, projections et une soirée électorale le jour du premier tour à partir de 18H30, avec diffusion des résultats en direct.
Avec AFP