« On est chez nous », « on va gagner » : au Zénith de Paris, les partisans de Marine Le Pen ont crié leur certitude de la victoire prochaine, à six jours du premier tour de la présidentielle et malgré des sondages en baisse.
« Je profite », savoure la candidate FN à la tribune alors que son public tambourine des pieds et crie « on va gagner »: peu avant 21H00, Marine Le Pen est arrivée sur scène, précédée par une musique dramatique et un déluge d’applaudissements.
Régulièrement interrompue par les « on est chez nous » repris en chœur par ses partisans très en forme, Mme Le Pen fait huer « la mondialisation sauvage », les « caïds » de banlieue, « les bobos » ou ceux qui veulent « cacher » les femmes sous des voiles… et acclamer « les patriotes ».
Son discours est très principalement axé sur la sécurité et l’identité, et la foule en redemande: c’est quand elle promet l’expulsion des fichés S étrangers et binationaux que le public se lève, s’époumone à crier son soutien en agitant des drapeaux français, avant de reprendre à nouveau en chœur des « On est chez nous ».
« On va gagner », lancent-ils aussi régulièrement, même si depuis un mois Mme Le Pen est passée en moyenne de 26% à 23% dans les intentions de vote de premier tour.
Moins fréquent, enfin, ce « la France aux Français », très peu entendu dans les réunions publiques de la dirigeante d’extrême droite.
L’ambiance s’électrise quand, à deux reprises, Marine Le Pen est interrompue par des militantes Femen, expulsées sans ménagement par la sécurité du parti.
– « Les électeurs FN, c’est pas tous des bourrins » –
Avant l’arrivée de sa candidate, Roger, 70 ans, drapeau français à la main, hésite, et accepte de parler même si « c’est clair, les médias mentent ».
« Monsieur est agrégé de maths donc c’est pas un con », l’interrompt son voisin. « Les électeurs FN, c’est pas tous des bourrins », continue-t-il.
« Moi je suis professeur de classe préparatoire et agrégé de mathématiques, et je vote Marine Le Pen », explique Roger, qui vote FN « essentiellement pour les questions d’identité ».
« Avec l’immigration et l’islamisation, on va perdre notre identité », affirme-t-il. « J’ai envie de me retrouver chez moi… et je dis ça sans haine pour personne », continue-t-il.
Alexandre, 16 ans, est venu de Meaux pour son tout premier meeting. « J’avais vraiment envie de venir », sourit celui qui se dit sympathisant FN « depuis que je suis né ». Il est pour « la fin des aides aux étrangers en situation illégale » et la remise en place des frontières, mais « pas pour virer tout le monde non plus ».
Un peu plus loin, Jocelyne, est militante « depuis trente ans ». « On est le seul parti patriote », dit-elle assez fort, pour couvrir les « on est chez nous » de la salle.
« Voilà, ça c’est normal, c’est une ambiance sympa, ça va chanter +on est chez nous+ toutes les cinq minutes, c’est une ambiance bon enfant », explique-t-elle.
À la fin de son meeting, avant que des mini-feux d’artifice jaillissent du devant de la scène et des confettis du plafond, Marine Le Pen demande à ses partisans de se « battre » pour sa victoire.
Mais une heure plus tôt, Jocelyne admettait qu’elle, elle n’y croyait pas: « Non, pas au deuxième tour. Les Français ne sont pas encore prêts ».
Avec AFP