La présidentielle est entrée dans une nouvelle phase lundi avec l’ouverture de la campagne officielle pour le 1er tour: les 11 candidats ont droit à un temps de parole égal dans les médias audiovisuels, qui ont commencé à diffuser leurs spots, et aux mêmes facilités de la part de l’État.
Débats, affichage, temps de parole… le principe de l' »égalité » a succédé à celui de l' »équité » entre les postulants jusque-là en vigueur, que les « petits » candidats jugeaient en leur défaveur.
Cela signifie que, pendant ces deux dernières semaines de campagne, les temps de parole et d’antenne des candidats et de leurs soutiens devront être strictement identiques, dans des conditions de programmation comparables, notamment les tranches horaires, ceci sous le contrôle vigilant du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).
Bien que cette période ait été raccourcie de cinq à deux semaines par rapport aux précédentes élections, cela reste un casse-tête pour les médias audiovisuels.
Dans un éditorial lundi matin, Frédéric Métézeau, chef du service politique de France Inter, s’est insurgé contre cette règle. « Le pluralisme, c’est donner la parole à tout le monde dans de justes proportions, ce n’est pas l’égalité arithmétique (…). Nous devrions faire des choix éditoriaux et non pas mathématiques », a-t-il déploré.
D’autant que ni la presse écrite, ni les sites web ni les réseaux sociaux ne sont soumis à de telles contraintes.
Par ailleurs, les médias audiovisuels publics ont commencé à diffuser les fameux clips de campagne des candidats. Chaque candidat a droit à 43 minutes entre le 10 et le 21 avril, soit dix spots d’une minute trente et huit de trois minutes trente.
A 09H30, les téléspectateurs matinaux de France 2 ont ainsi pu découvrir successivement les spots de Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon filmés en campagne avec des extraits de leurs meetings. Suivis d’un Jacques Cheminade désireux de libérer les Français « de l’occupation financière » et d’une Nathalie Arthaud voulant « faire entendre le camp des travailleurs ». Marine Le Pen et Jean Lassalle sont eux filmés en plan fixe, avec des coupes visibles au montage pour le volubile député des Pyrénées-Atlantiques.
– Poutou parodique –
Comme en 2012 où il avait effectué des parodies de « Questions pour un champion » et « The Artist », Philippe Poutou a choisi une approche décalée en se moquant de l’émission « On n’est pas couché » où de faux Laurent Ruquier, Yann Moix et Vanessa Burggraf ne le laissent pas s’exprimer. Sur France 2, la suite de ces spots sera diffusée après le journal de 20 heures.
Comme d’habitude, les drapeaux et les hymnes nationaux sont interdits de ces clips alors que des soutiens de candidats, notamment François Fillon, s’en sont plaints.
« La règle n’a pas changé, mais il y a une nouvelle mode : c’est d’insérer dans les clips de campagne des images de meetings, où il y a désormais beaucoup de drapeaux. C’est ce qui a pu poser problème », a précisé à l’AFP Sylvie Pierre-Brossolette, conseillère en charge de ces questions au CSA.
L’utilisation du drapeau tricolore est également interdite sur les affiches de campagne, sauf s’il est intégré à l’emblème du parti.
Un million d’affiches officielles des candidats à la présidentielle doivent être acheminées ces jours-ci pour être collées près des mairies et bureaux de vote.
Certains candidats ont gardé le même slogan de campagne depuis le début, d’autres sont nouveaux. Pêle-mêle, cela donne « une volonté pour la France » (François Fillon), « un choix historique » (François Asselineau), « la France doit être une chance pour tous » (Emmanuel Macron), « le temps est venu » (Jean Lassalle), etc…
Nicolas Dupont-Aignan a choisi lui le nom de son parti comme slogan: « Debout la France! ».
La campagne officielle prendra fin vendredi 21 avril à minuit, avant le 1er tour de scrutin, dimanche 23.
Avec AFP