François Fillon, handicapé par les affaires, a promis de « tout donner » pour faire mentir les sondages qui le donnent tous éliminé au premier tour, dimanche lors d’un grand rassemblement à Paris, au cours duquel il s’est déchaîné contre Emmanuel Macron, « jeune héritier » du hollandisme.
Devant la plupart des ténors de la droite, plus de 25.000 personnes selon les organisateurs, et une marée de drapeaux tricolores, l’ex-Premier ministre a, une heure durant, montré sa détermination à conduire les Français à « l’alternance », pour « faire de la France la première puissance européenne en dix ans ».
Affaibli par sa mise en examen dans l’affaire des emplois présumés fictifs de membres de sa famille, le candidat de la droite apparaît pour le moment en mauvaise posture dans les sondages.
Non seulement Marine Le Pen, présidente du Front national, et Emmanuel Macron, candidat d’En Marche! continuent de le devancer nettement, mais c’est au tour de Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise, de lui passer devant au premier tour, selon un sondage KANTAR Sofres-Onepoint (18% contre 17%).
Si tous trois, décrits comme « une conjuration des impuissants » ont été l’objet de ses critiques, c’est surtout M. Macron qui a été le plus souvent ciblé.
Avec Macron, « c’est le hollandisme qui se continuera dans son jeune héritier, rallié chaque jour par ceux qui espèrent se survivre à l’abri des combinaisons nouvelles », a-t-il accusé. « J’ai vu qu’Emmanuel Macron se présentait comme le candidat de +l’alternance profonde+. Voilà bien une pensée de sous-marin », a ajouté M. Fillon, alors que ses soutiens avaient auparavant laminé l’ex-conseiller puis ministre de François Hollande.
« Hollande l’a formé et déformé puisque M. Macron, c’est tout à la fois et réciproquement la duplicité et le renoncement, l’hésitation et l’imprécision, l’impréparation et l’improvisation », a ainsi asséné François Baroin, président LR des maires de France. Le nom de François Bayrou, allié avec M. Macron, a aussi été copieusement sifflé par les militants.
M. Fillon a aussi dénoncé « la folle aventure que nous propose Mme Le Pen, avec son quarteron d’amateurs, prêts à sacrifier notre pays, sa place dans le monde, son image, son efficacité, ses emplois, à leurs lubies idéologiques, à ce rêve effarant d’une France albanaise protégée par des murs et cultivant son carré de salades ».
– ‘Je ne vous demande pas de m’aimer’ –
Quant à M. Mélenchon, « il se rêve en capitaine du cuirassé Potemkine mais (…) négociera la ferraille du Titanic », a prédit le candidat de la droite.
Dans un discours dense, coupé par des « Fillon président » et des salves d’applaudissements, l’ex-Premier ministre a défendu son « programme fondé sur le bon sens », apte selon lui à « propulser la France en tête! ».
« Il faut libérer notre Etat de sa dette publique et il faut libérer notre économie de ses charges et de ses normes », a-t-il réaffirmé. « Il y a dix ans, je parlais de +l’Etat en faillite+. Rien n’a changé (…) Mes adversaires font semblant de l’ignorer ou dédaignent ce problème avec outrance », a critiqué celui qui a été Premier ministre de 2007 à 2012.
Le candidat de la droite a également dénoncé « cet état d’esprit qui nous a conduits à démanteler l’idée même de l’autorité ».
A deux semaines du premier tour, il a dit « sentir cette force qui va et qui s’accroît, qui monte en puissance et qui n’attend que de stupéfier les prétendus faiseurs d’opinion par sa détermination”. Le candidat semblait avoir un boulevard après son succès éclatant à la primaire en novembre, avant de voir une partie de son capital électoral s’envoler, au fil de ses difficultés judiciaires.
« Je ne vous demande pas de m’aimer, je vous demande de me soutenir, parce qu’il y va de l’intérêt de la France. Il ne s’agit pas de choisir un copain. Il s’agit de choisir un président, et, à travers lui, le destin que nous voulons ouvrir à la France », a fait valoir M. Fillon.
Avec AFP