« Ça se respire dans l’air : vous êtes haï », affirme le journaliste-réalisateur et candidat aux législatives François Ruffin à l’adresse Emmanuel Macron, avertissant le candidat d’En Marche! sur la « légitimité fragile » de son éventuelle élection, dans une tribune publiée jeudi dans Le Monde.
« Ça m’a frappé, vraiment, impressionné, stupéfait : vous êtes haï », déclare ce candidat aux législatives dans la 1ère circonscription de la Somme, soutenu par La France insoumise notamment.
Soucieux de parler « avec gravité » à M. Macron, M. Ruffin « martèle » son assertion une dizaine de fois car, justifie-t-il, « avec votre cour, avec votre campagne, avec la bourgeoisie qui vous entoure, vous êtes frappés de surdité sociale ».
« Vous n’entendez pas le grondement : votre heure, houleuse, sur le parking des Whirlpool n’était qu’un avant-goût », juge encore François Ruffin, en référence à la venue de l’ancien ministre de l’Économie près du site de l’usine d’Amiens, promise à la délocalisation. Avant d’évoquer « un fossé de classe qui (…) se creuse ».
D’autant, poursuit l’auteur du documentaire césarisé « Merci patron! », que M. Macron a annoncé son intention d’engager une nouvelle réforme du Code du travail « par ordonnances ». « C’est dangereux, comme si le 7 mai, les électeurs vous donnaient mandat pour ça », juge M. Ruffin.
Le réalisateur avait laissé entendre la semaine dernière qu’il pourrait voter pour M. Macron, « un geste dont (il) » ne serait « pas fier », pour contrer Mme Le Pen, mais assuré qu’il serait son « opposant ferme dès le 8 mai au matin ».
Il cite l’économiste Philippe Aghion, qui compare l’état de la France de 2017 à « la reconstruction de 1945 » et dénonce « la comparaison avec une France à genoux, qui a servi de champ de bataille, qui n’avait plus de ponts, plus d’acier, plus d’énergie, bref, ruinée, alors que le CAC 40 vient, cette année, de verser des +dividendes records+ aux actionnaires ».
Pour le candidat « Picardie debout! », la légitimité de M. Macron au lendemain du 7 mai, s’il est élu, aura « une base rikiki ».
Et c’est « sur cette légitimité fragile que vous comptez mener vos régressions à marche forcée ? Que ça passe ou ça casse ? Vous êtes haï, monsieur Macron, et je suis inquiet pour mon pays, moins pour dimanche soir que pour plus tard, pour dans cinq ans ou avant : que ça bascule vraiment, que la +fracture sociale+ ne tourne au déchirement. Vous portez en vous la guerre sociale comme la nuée porte l’orage. À bon entendeur », conclut-il.
Avec AFP