Les trois principales autorités juive, protestante et musulmane ont appelé jeudi « au vote républicain pour Emmanuel Macron », dans une déclaration « d’une même voix » qui souligne par contraste les divisions au sein des catholiques, à trois jours de la présidentielle.
« Nous, profondément attachés aux principes républicains de notre devise +liberté, égalité, fraternité+, comme aux valeurs universelles d’accueil, d’ouverture à l’autre et de solidarité, invitons les Français à se mobiliser (…) pour faire triompher, par la voie des urnes, la France généreuse, tolérante et ouverte sur le monde », écrivent le grand rabbin de France Haïm Korsia, le pasteur François Clavairoly et le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Anouar Kbibech.
« Parce qu’il ne suffit plus aujourd’hui de +faire barrage au Front national+, il est indispensable de rappeler, et d’une même voix, les fondements humanistes qui nous animent et pour lesquels nous œuvrons quotidiennement », soulignent-ils, en précisant: « Créer du lien, des moments de partage, venir en aide aux personnes les plus démunies ou esseulées, là est le cœur de notre mission, que nous souhaitons pouvoir continuer à mener sereinement dans notre pays. »
Pour ces dignitaires religieux, « rien n’est supérieur à la paix et seul le vote républicain pour Emmanuel Macron garantit une France forte de toute son histoire, confiante dans son avenir et dans sa capacité à rayonner dans le monde ».
« Bien conscients que nos fonctions nous obligent à la neutralité politique, mais avant tout citoyens responsables, nous appelons donc clairement à voter pour Emmanuel Macron dimanche », concluent-ils.
– Des évêques catholiques pour Macron –
Porte-parole du candidat d’En Marche!, Christophe Castaner a dit « comprendre » pourquoi ces trois religions ont pris position « contre les ennemis de la République », tout en regrettant la position « pas claire » du pape François.
Le chef de l’Église catholique avait refusé samedi de s’exprimer sur les deux candidats car il ne « compren(ait) pas la politique intérieure française », avant d’expliquer, en riant, que l’une représentait « la droite forte » et disant à propos de M. Macron: « L’autre, je ne sais pas d’où il vient, alors je ne peux pas donner d’avis. »
A l’inverse, le secrétaire général du FN, Nicolas Bay, a estimé qu’il n’y avait « rien de républicain dans le vote pour Emmanuel Macron » et s’est dit « pas sûr qu’en matière politique » les trois chefs religieux signataires de l’appel « aient une grande autorité et une grande légitimité ».
Aucun responsable de l’Église de France ne s’est joint à cette initiative interreligieuse, sur fond de fortes divisions de l’électorat catholique et alors que le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Georges Pontier, a dit son refus de « prendre parti ».
Une trentaine d’évêques, parmi la centaine à la tête de diocèses, se sont toutefois exprimés, certains rappelant des principes devant éclairer le choix « en conscience » des électeurs, d’autres – majoritaires – exprimant plus ou moins directement un rejet des thèses de Marine Le Pen. « Personnellement, je voterai Emmanuel Macron; je ne vais pas me cacher derrière le petit doigt », a confié à La Nouvelle République l’archevêque de Poitiers, Mgr Pascal Wintzer.
L’une des principales figures du catholicisme français, le cardinal Philippe Barbarin, a signé une déclaration œcuménique dans son diocèse de Lyon contre « un parti qui, historiquement, a toujours été porteur d’un discours nationaliste dangereux dont la mise en œuvre serait désastreuse ».
Avec AFP