Le quotidien catholique La Croix a exprimé mardi son soutien à Emmanuel Macron, soulignant que « face à ce qui risque d’advenir avec Marine Le Pen, l’abstention ne suffit pas ».
« Notre journal n’a pas coutume d’exprimer une préférence parmi les candidats à une élection », souligne l’éditorial intitulé « Notre choix ». « Cette règle n’a connu qu’une exception, en 2002, lorsque les Français eurent à choisir entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen ».
« Parce que l’enjeu est considérable pour la France et l’Europe, parce que trop de responsables politiques ont adopté une position sibylline, parce qu’il y a le risque d’un résultat acquis par inadvertance, il nous paraît nécessaire de dire clairement ce que nous jugeons préférable. Avant qu’il ne soit trop tard », écrit le directeur du quotidien, Guillaume Goubert.
« Nous n’acceptons pas l’idée d’un choix déterminé par la crainte. Crainte de l’avenir, de l’Europe, du monde, de l’étranger, de l’autre. Nous ne pouvons nous résigner à ce que l’on élève des clôtures autour de la France et à ce que l’on introduise des séparations entre les habitants de notre pays en fonction de leur nationalité, » ajoute-t-il.
« Le programme d’Emmanuel Macron ne peut recueillir notre pleine adhésion, nous l’avons déjà écrit », dit encore le texte. « Mais parce que ce candidat a fait un choix de rassemblement et de confiance dans l’avenir, nous lui apportons notre soutien ».
Les catholiques pratiquants ont voté à 46% François Fillon au premier tour de l’élection présidentielle, les musulmans plaçant en tête Jean-Luc Mélenchon à 37% et les protestants Emmanuel Macron à 30%, selon un sondage Ifop pour l’hebdomadaire Pèlerin publié le 24 avril.
Après le 1er tour plusieurs journaux nationaux ont pris position, chacun à leur façon, afin d’écarter une issue frontiste.
« Le Front national est incompatible avec chacune de nos valeurs, avec notre histoire et notre identité. Logiquement, nous souhaitons donc la défaite de Marine Le Pen et appelons pour cela à voter en faveur d’Emmanuel Macron », soulignait le premier éditorial du Monde post-premier tour, paru le 24 avril et signé de son directeur, Jérôme Fenoglio.
« Sur le papier, (l’issue du vote de dimanche) c’est plié. Sur le papier seulement », a mis en garde dans son éditorial du mardi 25 avril Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération, pour qui, « quoi qu’on pense du programme d’Emmanuel Macron, pas une voix républicaine ne doit manquer pour conjurer le pire ».
Avec en Une une photo de la présidente du FN barrée de l’injonction « jamais », l’Humanité dès lundi 24 appelait: « Rassemblons-nous pour lui barrer la route ». Le 7 mai, « il nous faudra, hélas mais sans trop d’hésitation, donner un nouveau coup d’arrêt à la progression du Front nationaliste », soulignait le rédacteur en chef Jean-Emmanuel Ducoin dans son éditorial du 25 avril.
A droite, pour Le Figaro, « entre la grippe et le choléra, entre la poursuite du déclin hollandais et la catastrophe immédiate que serait une sortie unilatérale de l’euro, le choix va de soi », estimait Alexis Brézet, directeur des rédactions, dans le quotidien du 24 avril.
Dans un billet intitulé « Maladie mortelle », signé sur son site le 1er mai par le rédacteur en chef Gérard Biard, Charlie Hebdo estime pour sa part que « dans l’alternative qui nous est imposée pour ce second tour, seule Marine Le Pen représente objectivement un danger mortel pour la démocratie ». Dès le 26 avril, le directeur de l’hebdomadaire, Riss, avait souligné que « quinze secondes devraient suffire » pour faire son choix. « Comment hésiter entre Macron et Le Pen? » interrogeait-il.
Avec AFP